Jean-Marie Zeitouni, le nouveau chef des Musici, et le pianiste italien Benedetto Lupo, connu ici principalement comme soliste des Violons du Roy, se retrouvaient hier après-midi sous le même toit, la Maison symphonique, en compagnie de l'OSM. Le soleil de printemps invitant à rester au dehors, un programme n'ayant rien de «populaire» et une affiche dépourvue de «gros noms»: autant de facteurs qui, au lieu d'aboutir à une demi-salle, produisirent l'effet contraire. La salle était bien remplie et l'auditoire, très diversifié quant à l'âge et au milieu social, était très attentif. Il est clair que l'OSM - comme d'ailleurs l'OM - est en train de former un nouveau public pour la grande musique de concert.

Corpulent et gesticulant, M. Zeitouni prend beaucoup de place entre l'orchestre et l'auditoire. Le spectacle avait de quoi énerver lors d'un récent concert où Beethoven et les Musici ne demandaient pas un tel déploiement. Le chef se montre plus sobre cette fois, et non moins efficace pour autant.

Chef et orchestre recréent parfaitement les vifs contrastes que Bartok multiplie à travers les six pièces et 18 minutes de sa Suite de danses. On n'y oublie pas les redondances, mais on y admire les nombreuses interventions des bois. Suivent M. Lupo et sa vision, sobre plutôt que percussive ou jazzée, du Concerto pour la main gauche de Ravel. Boulez revient encore une fois au menu, cette fois avec son Livre pour cordes révisé et susceptible de l'être encore. Le chef invité y crée une sonorité collective unifiée et presque expressive. On termine avec la version originale du Pétrouchka de Stravinsky, qui fait 36 minutes. Dutoit abordait cette musique avec un art jamais égalé depuis, comme quelque conte fantastique. La présente et sage lecture met cependant en relief plusieurs premiers et seconds pupitres, chez les bois, les cuivres et la batterie, et presque tous irréprochables.

En passant, l'OSM ferait bien de réviser ses dossiers: Boulez n'est pas né en 1973 mais en 1925.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL.

Chef invité : Jean-Marie Zeitouni. Soliste : Benedetto Lupo, pianiste. Hier après-midi, Maison symphonique, Place des Arts. Série «Dimanches en musique».