On peut, sans hésiter, parler de succès total à propos de cette présentation du Requiem de Mozart.

Tout d'abord, succès de public. L'OSM annonçait depuis plusieurs jours «complet» pour les trois auditions prévues et dut en ajouter une quatrième, qui s'est entièrement vendue en quelques heures.

Avant tout, il s'agit là d'une réussite musicale qui ne peut que faire l'unanimité. Il faudrait être de très mauvaise foi, ou insensible, ou ignorant, pour ne pas admirer ce que Kent Nagano a réussi là.

Bien sûr, il faut oublier que ce Requiem n'est de Mozart qu'en partie, le compositeur étant mort avant d'avoir terminé l'oeuvre. Sur 174 pages, 24 seulement (les 24 premières) sont entièrement de sa main. Ces 24 pages, c'est-à-dire l'Introit et le Kyrie, font exactement sept minutes...sur un total de 47. Ce qui suit, demeuré à l'état d'esquisses, fut complété par des élèves du compositeur, principalement Franz Xaver Süssmayr.

Inspiré comme il ne l'est hélas! pas tous les soirs, Nagano anime une interprétation à la fois dramatique et intérieure, dans laquelle tous les participants sont pleinement engagés. L'orchestre est impeccable (quelles timbales explosives!), les quatre solistes sont d'égale force et le choeur, très sollicité ici, chante avec une puissance électrisante qui, la nouvelle acoustique aidant, donne un relief absolument nouveau au texte.

Après avoir «auditionné» plusieurs candidats, l'OSM semble avoir enfin trouvé en Andrew Megill le chef qu'il cherchait. Souhaitons qu'il reste!

Les quatre solistes, tous canadiens, sont excellents quant à la voix, l'expression et le style, bien que le Tuba mirum paraisse un peu bas pour le baryton Duncan.

De Mozart encore, Nagano dirige avant l'entracte la Symphonie no 25, la «petite» sol mineur, dans une lecture immaculée qu'accentue la position des violons de part et d'autre du podium. Il double presque la durée de l'oeuvre en faisant absolument toutes les reprises, sauf une. Il invite à se lever le hautbois-solo, Theodore Baskin, l'un des piliers de l'orchestre, pour ses parfaites interventions.

Le bref Boulez qui ouvre le concert est une aberration. Pire, puisque cela dure une minute de plus que prévu.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL et CHOEUR DE L'OSM (dir. Andrew Megill). Chef d'orchestre : Kent Nagano. Solistes : Rayanne Dupuis, soprano (*), Kimy McLaren, soprano, Anita Krause, mezzo-soprano, Colin Ainsworth, ténor, et Tyler Duncan, baryton. Hier soir, Maison symphonique, Place des Arts. Reprises ce soir, 20 h, et samedi, 14 h et 20 h.

Programme :

Le Soleil des eaux, pour soprano, choeur et orchestre (1965) - Boulez (*)

Symphonie no 25, en sol mineur, K. 183 (1773) - Mozart

Requiem, pour quatre voix solistes, choeur et orchestre, K. 626 (1791) - Mozart