La soprano québécoise Hélène Guilmette tenait récemment l'affiche de l'Opéra-Comique, vénérable théâtre lyrique de Paris. À l'aube d'une année bien remplie, la jeune chanteuse évoque ses projets pour les années à venir, et les défis d'une carrière en plein essor.

«J'ai l'impression d'être en mission!», s'exclame Hélène Guilmette, rieuse, lors de l'entretien accordé à La Presse. L'opéra Amadis de Gaule, obscur ouvrage de Jean-Chrétien Bach (l'un des fils du célèbre Jean-Sébastien), créé à Paris en 1779, mais jamais remonté en France depuis, a été «ressuscité» par l'Opéra-Comique pour une série de représentations.

Une expérience que la soprano qualifie «d'énorme travail», mais dont elle dit sortir avec une nouvelle façon de voir la musique de cette époque, notamment grâce aux directives du chef Jérémie Rhorer, l'une des étoiles montantes de la direction d'orchestre.

Malgré un estimable succès auprès du public, la critique s'est montrée peu enthousiaste face à l'oeuvre de Bach fils et au spectacle conçu par Marcel Bozonnet, de la Comédie-Française. Le Figaro a néanmoins salué une distribution «dominée» par une Hélène Guilmette «parvenant même à émouvoir».

De nombreux projets

«J'adore découvrir de nouvelles oeuvres, fouiller, étudier le répertoire peu connu ou injustement oublié. Je fais un métier passionnant, mais qui demande une préparation sans faille.» Elle confie s'être cloîtrée, l'espace de quelques heures, à la Bibliothèque nationale de France, tout juste avant notre rencontre, en vue d'un projet décidément original.

«La mélodie française est mon dada! Je prépare un disque avec le pianiste Martin Dubé, un programme exclusivement constitué d'oeuvres de compositrices. Je profite de mon séjour à Paris pour parcourir autant de partitions que possible.»

Depuis son deuxième prix au Concours Reine Elisabeth de Belgique, en 2004, Hélène Guilmette s'est peu à peu taillé une place dans les carnets d'adresses des directeurs de distribution un peu partout en Europe. L'année qui commence sera exigeante, avec un séjour de près de cinq mois sur le Vieux Continent. Comme d'autres de ses jeunes collègues, la soprano compare son mode de vie à celui d'une athlète de haut niveau. «La forme physique et mentale est essentielle, sinon on n'y arriverait pas. Je suis une fille terre-à-terre, réaliste, et j'ai la chance d'être très bien entourée.»

Elle rêve maintenant de chanter Juliette, «celle de Gounod, mais aussi celle de Bellini», l'héroïne de Shakespeare et son Roméo ayant inspiré des partitions éternelles aux deux compositeurs. À suivre...