Le chef d'orchestre letton Mariss Jansons, pour la seconde fois après 2006, a triomphé dimanche à la baguette du concert du Nouvel An de l'Orchestre philharmonique de Vienne, concert de musique classique le plus médiatisé au monde et consacré aux valses, polkas et galops de la famille Strauss.

Pour la 72e édition du concert du Nouvel An, dans la «salle en or» du prestigieux Musikverein, Mariss Jansons, âgé de 68 ans, et les musiciens du Philharmonique ont été ovationnés pendant de longues minutes par le public debout.

Outre, au final, la plus célèbre des valses, Le Beau Danube Bleu, de Johann Strauss fils (1825-1899), et le martèlement de La marche de Radetzky de Johann Strauss père (1804-1849), le public battant alors la mesure en tapant dans ses mains, les spectateurs ont aussi apprécié les clins d'oeil à l'Union européenne et au Danemark à l'occasion de la présidence semestrielle danoise, ainsi qu'aux Jeux Olympiques de Londres.

Ainsi, le programme comprenait le Galop de la locomotive à vapeur de Copenhague du compositeur danois Hans Christian Lumbye (1810-1874), surnommé «le Strauss du Nord», avec Mariss Jansons au sifflet, et l'Albion Polka, de Johann Strauss fils, créée en 1851 à Vienne en hommage au mari de la Reine Victoria, le prince Albert de Saxe-Coburg-Gotha.

Et, autre innovation, pour la polka Feu d'artifice de Josef Strauss (1827-1870), le chef letton a abandonné la baguette pour taper la mesure sur une enclume avec deux marteaux.

Mariss Jansons, qui a dirigé pour la première fois le Philharmonique de Vienne en 1992, fait partie du club très fermé des 15 prestigieux chefs d'orchestre du concert du Nouvel An, tous choisis par les musiciens, qui, depuis sa création en 1842, gèrent eux-mêmes le Philharmonique. À ses côtés figurent les Autrichiens Josef Krips, Willy Boskovsky, Herbert von Karajan, Carlos Kleiber, Nikolaus Harnoncourt et Franz Welser-Möst, l'Allemand Clemens Krauss, l'Américain Lorin Maazel, les Italiens Claudio Abbado et Riccardo Muti, l'Indien Zubin Mehta, le Japonais Seiji Ozawa, le Français Georges Prêtre et l'Israélo-Argentin Daniel Barenboïm.

Et le concert du Nouvel An 2013 sera dirigé, pour la seconde fois après 2011, par l'Autrichien Franz Welser-Möst, âgé de 50 ans, directeur musical de l'Opéra de Vienne et de l'Orchestre de Cleveland.

Directeur musical du Concertgebouw d'Amsterdam depuis 2004 et de l'Orchestre symphonique de la Radio bavaroise depuis 2003, Mariss Jansons a été un élève du chef d'orchestre autrichien Herbert von Karajan (1908-1989) et du Russe Yevgueny Mravinsky (1903-1988).

Bien qu'il doive ménager sa santé à la suite de deux infarctus, il a dirigé «avec joie et enthousiasme cette musique fantastique, jouée par un orchestre unique et dans une salle magnifique», a-t-il déclaré à l'AFP. «Ma relation avec la musique des Strauss est ancienne: à Riga, où je suis né, elle faisait partie de la musique populaire, et à Saint-Petersbourg, où j'ai vécu adolescent, elle était régulièrement jouée», a-t-il précisé. «Ensuite, j'ai fait mes études musicales à Vienne et j'ai eu tout loisir de l'approfondir».

Ayant vu le jour en 1939, aux heures noires ayant suivi l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie, le concert était retransmis en direct dans 74 pays, de l'Albanie à l'Uruguay en passant par l'Australie, la Chine, l'Inde, le Japon, les États-Unis ou la Russie.

Quant à la décoration florale, elle était assurée pour la 31e fois par les jardiniers de la ville italienne de San Remo.

Comme d'habitude, les précieux sésames des billets s'étaient arrachés dans le monde entier un an à l'avance.

Outre le culte de la musique et de la valse viennoise, le concert du Nouvel An est aussi l'occasion pour le Philharmonique de Vienne de soigner ses finances par des ventes lucratives de CD, DVD et Blue Ray (Sony).