Après avoir donné l'Oratorio de Noël de Bach il y a exactement un an, à un jour près, Louis Lavigueur reprenait l'oeuvre dimanche soir au même endroit, l'église Saint-Jean-Baptiste, et, comme l'an dernier, avec le Choeur Classique et l'Ensemble Sinfonia, deux formations parmi plusieurs dont il est le titulaire. Trois des quatre solistes étaient de retour et, comme l'an dernier, les choristes étaient au nombre d'environ 60 et les musiciens d'orchestre, d'environ 35. Et l'auditoire était substantiel : 1 000 personnes au moins.

Weihnachts-Oratorium - pour reprendre le titre original - est un ensemble de six cantates destinées à être chantées aux six jours de la période de Noël. On les donne habituellement par groupes de trois ou en une seule audition. L'Orchestre Métropolitain suit précisément cette double formule : jusqu'à mercredi, en périphérie, il présente les cantates trois à la fois; jeudi soir, également à Saint-Jean-Baptiste, Yannick Nézet-Séguin sera de retour de New York pour diriger l'intégrale des six cantates.

Dans l'immédiat, place à Lavigueur. Quelle énergie chez cet homme, dont il faut bien dire qu'il porte parfaitement son nom! Et quelle passion pour la musique chorale et pour la musique de Bach. Cette fois encore, Lavigueur a dirigé l'oeuvre festive avec une ferveur qu'il communiquait à chaque instant à sa centaine d'exécutants. De l'ensemble orchestral se détachaient, selon les situations, la couleur champêtre des hautbois et l'éclat des trompettes. J'oublie quelques légers décalages entre les groupes et quelques bavures des cors, instruments capricieux s'il en est. Hélas! le violon-solo joue aussi faux que l'an dernier...

Cette fois encore, Lavigueur donnait la partition dans son absolue intégralité, y compris toutes les reprises, et avait adopté les tempi allants et très justes qui permirent de compléter le tout en trois heures, cette durée comprenant une brève pause entre les cantates, un entracte entre les deux groupes de trois et...cinq minutes de préambule du chef avertissant que trois des solistes souffraient d'un rhume.

La question du jour : lesquels? Peut-être la réverbération de l'église masquait-elle des imperfections. Chose certaine, je n'ai senti aucun «rhume» chez trois solistes, précisément. Pascale Beaudin, nouvelle venue à l'avant-scène, projeta une voix petite mais irréprochable de justesse et de style. Son duo «en écho» avec le hautbois fut absolument exquis. Retenus de l'an dernier, Claudine Ledoux et Pierre-Étienne Bergeron méritaient d'être rappelés. Chez elle et chez lui, de belles voix et du style.

Par contre, Michiel Schrey était manifestement souffrant. Or, il avait le rôle le plus long de la soirée, chantant les nombreux récitatifs de l'Évangéliste et quelques solos. Au départ, la voix n'est pas belle. Mais Schrey l'utilise toujours avec intelligence et goût. Ce qu'il fit cette fois encore, en plus d'exécuter les mélismes avec une précision étonnante, vu les circonstances.

WEIHNACHTS-ORATORIUM, pour quatre voix solistes, choeur et orchestre, texte anonyme, musique de Johann Sebastian Bach, BWV 248 (1734-35).

Choeur Classique de Montréal et Ensemble Sinfonia de Montréal, Pascale Beaudin, soprano, Claudine Ledoux, mezzo-soprano, Michiel Schrey, ténor, et Pierre-Étienne Bergeron, baryton. Dir. : Louis Lavigueur. Dimanche soir, église Saint-Jean-Baptiste.