L'année qui s'achève aura été jalonnée de succès pour le ténor québécois Frédéric Antoun. Après des débuts sur quelques-unes des plus importantes scènes d'Europe, le chanteur montréalais se produit ce mois-ci au Théâtre de La Monnaie, à Bruxelles, un premier engagement remarqué dans une jeune carrière en plein essor.

Ce n'est certainement pas un hasard si Frédéric Antoun chante pour son entrée à La Monnaie le rôle du Prince charmant dans l'opéra Cendrillon de Massenet. Outre la langue et l'écriture vocale, qui conviennent idéalement à sa voix et à son tempérament, c'est un rôle qu'il possède pour l'avoir rôdé, puis repris fréquemment ces dernières saisons, à New York, Montréal et Marseille.

Pour celui qui foulait les planches de l'Opéra d'Amsterdam, en septembre, dans un autre rôle français - Achille dans l'Iphigénie en Tauride de Gluck - ces débuts en terre belge sont auréolés de prestige. La Monnaie est l'un des théâtres d'opéra les plus en vue à l'heure actuelle, s'étant vue décerner en octobre le titre de «Maison d'opéra de l'année» par le magazine Opernwelt, autorité critique du milieu. Son directeur, Peter De Caluwe, est reconnu pour ses choix artistiques visionnaires et son expertise en matière de casting.

Un vote de confiance

C'est donc plus qu'un engagement comme un autre, mais un vote de confiance, en quelque sorte, de la part de l'un des bonzes du domaine.

Et pour cause: dans le répertoire français, l'élégance et le style idoine de Frédéric Antoun font merveille. Ce ne sont pas tant le volume ou la puissance de sa voix qui font de lui un oiseau rare - la métaphore est peu originale, mais pertinente: certains de ses jeunes collègues en offrent plus à ce chapitre -, mais bien au contraire, la précision et la clarté de sa diction, exemplaires.

La musicalité de ses interprétations et la justesse de son instinct théâtral y sont aussi pour quelque chose; il trouve facilement ses marques dans ce spectacle amusant imaginé par le metteur en scène Laurent Pelly.

Frédéric Antoun, ténor français? Il est peut-être tôt pour le dire. À l'opéra comme ailleurs, les étiquettes peuvent être trompeuses, même si le parcours du chanteur pointe sérieusement dans cette direction.

Prochains débuts européens: Vienne, au printemps, dans un Hamlet inspiré de la tragédie de Shakespeare signé Ambroise Thomas - autre rôle français - aux côtés d'une distribution triée sur le volet. Dommage que Frédéric Antoun, comme tant de ses compatriotes chanteurs, ne trouve chez lui que peu d'occasions de faire valoir son talent.