Après avoir joué au Plateau dès sa création en 1935, puis à la salle Wilfrid-Pelletier dès 1963, l'Orchestre Symphonique de Montréal s'installait tout à côté de W.-P., le 7 septembre, dans la nouvelle salle baptisée le jour même Maison symphonique de Montréal. En attendant que Radio-Canada, présent partout ce soir-là, publie l'intégralité de l'événement, Analekta sort l'enregistrement de la partie la plus importante du concert: la Neuvième Symphonie de Beethoven.

L'oeuvre célèbre tient ici en un peu plus de 63 minutes et elle sonne bien. La direction de Kent Nagano est étonnamment vivante et nuancée, et l'orchestre lui répond dans le même sens, tout comme, au finale très attendu, la puissante formation constituée des Choeurs de l'OSM et de Tafelmusik (de Toronto) et les excellents chanteurs solistes: Erin Wal l, Mihoko Fuj imura, Simon O'Neill et Mikhaïl Petrenko. Je continue de trouver l'Adagio de Nagano un peu rapide, mais l'ensemble reste convaincant.

Avant tout, il est enfin possible d'écouter cette Neuvième hors du contexte plutôt particulier du 7 septembre. En raison de l'acoustique nouvelle et non encore fixée, le son n'était pas le même partout dans la salle. Ici, la qualité sonore rejoint celle d'un grand enregistrement de studio. De toute évidence, on a fait un montage à partir de ce qu'avaient capté les micros, placés à différents endroits.

Par ailleurs, ceux qui écoutaient le concert dehors ou à la télévision eurent droit à une «chorégraphie» pour le moins dérangeante. L'enregistrement nous l'épargne, bien sûr, ainsi que les pièces sans intérêt jouées avant le Beethoven. Hélas! on a fait quelques «ajouts», dont nous avertit le titre du disque, Misères et amours humaines/Human Misery-Human Love (sic). On entend d'abord quelques secondes de l'explosif finale, après quoi Yann Martel, l'écrivain de Saskatoon, lit un texte intitulé Where have you gone, my revolutionary friend?. Le Beethoven suit enfin, couronné par les applaudissements. Parfait, on n'en demande pas plus.

Mais voici que le fameux texte revient, cette fois en français: Où es-tu, mon ami révolutionnaire? Je n'ai pas encore fait le lien entre ce texte insignifiant et la colossale Neuvième. Si on y tenait à tout prix, il fallait en coller les deux versions à la toute fin du disque, hors d'état de nuire.

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CLASSIQUE

BEETHOVEN

NEUVIÈME SYMPHONIE.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL.

DIR. KENT NAGANO.

ANALEKTA, AN 29 885.