Notre Festival Bach débutait l'an dernier avec deux auditions de la Passion selon saint Jean données par Alexander Weimann et l'Orchestre baroque Arion. Le public ne se lasse décidément jamais de réentendre la même chose. Le Festival 2011 reprend la Passion selon saint Jean, cette fois pour trois auditions de Kent Nagano et un Orchestre Symphonique de Montréal ramené aux 30 musiciens dont s'accommode la partition. La Maison symphonique de 2 000 places était presque comble hier soir et on annonce également «complet» pour ce soir et demain matin.

En  2006, Nagano et l'OSM avaient donné la Saint Jean à Wilfrid-Pelletier avec mise en scène et surtitres français et anglais, comme à l'opéra. Cette fois, pas de surtitres. Le programme imprimé donne le texte original allemand et des traductions. Encore faudrait-il éclairer la salle en conséquence. Aux gens qui viennent me voir à l'entracte pour se plaindre de la situation, je réponds de s'adresser à la direction de l'OSM... s'ils parviennent jusque-là!

Il y a cinq ans, Nagano utilisait l'édition du musicologue Arthur Mendel, publiée chez Bärenreiter, et Weimann faisait de même l'an dernier. C'est-à-dire qu'à l'orchestre classique de modestes dimensions s'ajoutent deux violes d'amour, une viole de gambe, deux hautbois d'amour, un luth et un petit orgue. L'ensemble instrumental est cependant moderne dans sa presque totalité. De même, le diapason est celui d'aujourd'hui. Mais les solistes sont tous nouveaux.

Trois voix -- en fait trois présences -- se détachent nettement du reste : le ténor allemand Christoph Genz, Évangéliste décrivant les événements avec cette projection haute et presque parlée qui s'impose, le baryton autrichien Markus Werba, noble et émouvant Jésus au timbre proche de celui d'une basse, et le baryton montréalais Philippe Sly, de niveau tout à fait professionnel bien qu'en début de carrière.

Comme en 2006, Nagano déplace ses solistes en cours d'audition, ce qui apporte du relief à l'ensemble. Tyler Duncan chante avec une grande correction, Sibylla Rubens est monotone et Martin Mitterutzner est presque mauvais. Appelé comme remplacement, Daniel Taylor possède encore de la technique, mais la voix est un peu détimbrée (ou peut-être fatiguée?).

Rien de particulier à dire sur le Choeur de l'OSM, sauf qu'il est réduit ici à 35 personnes (par rapport à 120 en 2006!) et qu'il est maintenant entre les mains d'un nouveau directeur. Nagano dirige l'audition avec une élégante sobriété et la nouvelle acoustique magnifie tout, y compris le son du vilain petit orgue et les archets des deux contrebasses grattant le plancher.

JOHANNES-PASSION, pour voix solistes, choeur et orchestre, BWV 245 (1724) - J. S. Bach. Édition Arthur Mendel (Bärenreiter, 1973). Orchestre Symphonique de Montréal et Choeur OSM (dir. Andrew Megill). Solistes : Christoph Genz, ténor (l'Évangéliste), Markus Werba, baryton (Jésus), et autres. Dir. Kent Nagano.

Maison symphonique de la Place des Arts, hier soir. Reprise ce soir, 20 h, et demain matin, 10 h 30.