Le nom de Koji Attwood s'ajoute à une longue liste de pianistes dont on n'avait jamais entendu parler, qui nous visitent pour un concert et qui retournent ensuite dans l'oubli dont on les avait tirés.

M. Attwood, lui, retourne aux États-Unis. Qu'il ne soit pas davantage connu, à bientôt 40 ans, est révélateur, comme le fait d'accoler le nom de Horowitz au sien. Le nouveau venu devrait savoir s'imposer par ses propres moyens au lieu de s'accrocher à l'une des plus grandes références qui soient en piano.

Il avait partagé son programme entre deux compositeurs identifiés à Horowitz: Scriabine et Liszt. Il aurait varié davantage son menu en ajoutant Rachmaninov.

De Scriabine, il avait choisi la 10e et dernière Sonate (en un seul mouvement fait de trilles et de trémolos) et 10 courtes pièces puisées aux Préludes, Études et Poèmes; de Liszt, quatre oeuvres plus substantielles. Le programme complet avec, pour chaque pièce, la tonalité, le numéro d'opus et l'année, prendrait plus d'espace que ce que j'ai à dire sur le visiteur.

Tout d'abord, il ne joue pas du tout comme Horowitz. Personne ne joue, et personne ne jouera jamais, comme Horowitz. Koji Attwood n'en reste pas moins un pianiste très solide, avec toute la technique et la puissance qu'on souhaite. Il se retrouve dans les méandres de Scriabine. Mais Scriabine est un monde pour spécialistes. Cette musique abstraite et parfois carrément inécoutable passe encore mal.

Beaucoup plus fascinant, l'univers de Liszt découvre hélas! un interprète sans envergure. Tout ce que j'ai retenu de son groupe Liszt fut, dans Vallée d'Obermann, le Recitativo aux notes répétées «misterioso» à la basse. Étonnamment beau, ce passage. Ailleurs, le jeu était souvent saccadé, avec des fausses notes et des accords savonnés. Et pourquoi choisir, dans deux cas, les «arrangements» de Horowitz qui, en fait, déforment ce que Liszt a si bien écrit?

Applaudi par 150 personnes, le pianiste ajouta une pièce de Tarrega, imitant la guitare à s'y méprendre.

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KOJI ATTWOOD, pianiste.

Dimanche après-midi, Théâtre Outremont.

Présentation : Productions Daniel Poulin.