Mariages, enterrements et messes de minuit: on associe souvent l'orgue à la religion et au passé. Mais le monde de l'orgue est encore vivant et dynamique en 2011. Le Concours international d'orgue du Canada, qui bat son plein, confirme cette réalité.

À sa première année, en 2008, le Concours avait attiré 7000 spectateurs. «Un succès, étant donné que c'est un événement de niche, dit René Fréchette, directeur général du concours. La composante visuelle a fait toute la différence. En installant des caméras et des écrans pour permettre aux gens de voir les organistes, on a innové et le public a beaucoup apprécié.»

On déploie un effort particulier pour faire du concours un événement bien de son temps et pour convaincre un public jeune de s'intéresser à l'orgue. On utilise Facebook et YouTube. Et, sur la page d'accueil de son site internet, on pourra observer un «décompte» des concurrents semblable à ceux de certaines émissions de téléréalité...

«Les gens aiment voir les artistes se mettre en péril, dit René Fréchette. C'est ce que font nos concurrents: ils partent d'un peu partout dans le monde, en sachant très bien que certains d'entre eux ne joueront que pendant 40 minutes. Le public aime s'identifier à ces jeunes de moins de 35 ans. Ça projette une nouvelle image du monde de l'orgue.»

Ces méthodes de l'ère 2.0 ont valu quelques critiques à l'organisation, admet le directeur. «On voulait faire du concours un outil de promotion de l'orgue. On a donc pris les moyens pour attirer les candidats et le public, et ça fonctionne très bien. De fait, quand on parle aux organisateurs des autres grands concours d'orgue dans le monde, dont certains existent depuis 50 ans, ils trouvent qu'on prend beaucoup de place sur l'échiquier.»

Il faut dire qu'avec 72 000$ en prix, il y a de quoi attirer les meilleurs jeunes organistes du monde! Des musiciens de 17 pays ont posé leur candidature. On en a retenu 16 de 11 pays. Le gagnant du premier prix (25 000$) pourra donner des récitals au Canada, aux États-Unis et en Europe.

«Historiquement, Montréal a joué un rôle prépondérant sur la scène de l'orgue en raison, notamment, de la présence de plusieurs facteurs d'orgues comme Casavant, Guilbault-Thérien et Juget-Sinclair au Québec, dit René Fréchette. Nous avons aussi de grands interprètes, pédagogues ou compositeurs, tels que John Grew, Bernard et Mireille Lagacé ou Raymond Daveluy. Tout ça a permis le rayonnement de Montréal en tant que ville d'orgue de haut calibre.»

Concours international d'orgue du Canada, jusqu'au 16 octobre. Plus de 30 récitals, cours de maîtres et conférences. Info: ciocm.org