Le Trio Hochelaga ouvrait sa 12e saison hier soir dans cette salle du Conservatoire qui peut recevoir 225 personnes. Il en est venu une cinquantaine. Il faudrait se demander pourquoi l'assistance n'était pas plus nombreuse. Notre calendrier musical est chargé... mais il ne l'était pas hier soir.

Le programme offrait pourtant un élément de nouveauté qui justifiait le déplacement. Le Hochelaga a en effet découvert des paraphrases d'opéras du XIXe siècle signées d'un arrangeur tout à fait obscur du nom d'Ernest Alder et il en enregistrera prochainement un certain nombre.

Les trois pièces programmées nous mettent en appétit, surtout la première, basée sur Le Cid de Massenet. Le violon d'Anne Robert «chanta» intensément l'air «Pleurez, pleurez mes yeux», le violoncelle de Paul Marleyn enchaîna, bientôt suivi du violon, l'héroïque «Ô souverain, ô juge, ô père», enfin le piano de Stéphane Lemelin, présent depuis le début, évoqua avec eux les séquences orchestrales de ballet.

Ce «condensé» du Cid fut rendu avec un enthousiasme absolument contagieux et la paraphrase sur La Muette de Portici, d'Auber (et non Aubert), possédait la grandiloquence souhaitée. Le Pardon de Ploërmel, de Meyerbeer, est passé au répertoire sous deux titres dont le plus familier est Dinorah. L'air le plus célèbre, «Ombre légère», est également confié au violon. Mme Robert y connut quelques écarts de justesse qui ne réduisirent aucunement son entrain, ni celui de ses coéquipiers. En fait, les musiciens s'amusaient, les auditeurs aussi.

Le concert s'inscrivait dans la série de manifestations entourant la compositrice Ana Sokolovic, qui vint sur scène présenter ses pièces: l'une pour piano, qui salue brièvement Satie, Bartok et Messiaen au passage et suggère de petites percussions au suraigu du clavier, les deux autres pour violon où la corde de sol a beaucoup à dire.

Après l'entracte, le premier Trio de Schubert reçut une lecture plus inégale qui ne faisait pas regretter l'omission de la longue reprise au premier mouvement. Les trois musiciens traduisirent ce chef-d'oeuvre de la musique de chambre avec un engagement tout à fait convaincant et le violoncelle rendit le beau solo du deuxième mouvement avec une présence qu'il n'a pas toujours. Mais on nota chez le violon assez de grincements et de problèmes d'intonation pour le signaler. La fatigue, sans doute, à la fin d'un programme très exigeant.

TRIO HOCHELAGA - Stéphane Lemelin (piano), Anne Robert (violon) et Paul Marleyn (violoncelle). Vendredi soir, Conservatoire de musique.

Programme :

Paraphrases d'opéra, pour trio: Le Cid (Massenet), La Muette de Portici (Auber) et Le Pardon de Ploërmel (Meyerbeer) - Alder Danses et interludes, pour piano (2003); deux extraits de City Songs, pour violon et piano (2001) - Sokolovic Trio no 1, en si bémol majeur, op. 99, D. 898 (1827) - Schubert