Il a beau avoir grandi dans l'est de Montréal, Marc Hervieux a souvent l'impression d'avoir été italien dans une autre vie. Pour son nouvel album, A Napoli, il s'offre un voyage musical dans l'univers ensoleillé de la chanson napolitaine.

Aux oreilles du néophyte, A Napoli propose des airs qui ressemblent à s'y méprendre à de l'opéra... mais qui n'en sont pas!

«Ce sont des chansons populaires traditionnelles d'une immense accessibilité, mais qui ont tout de même des racines ancrées dans la musique classique, dit Marc Hervieux. En Italie, ce sont vraiment des chansons de la vie quotidienne.»

Le ténor n'a peut-être pas subi la moindre influence italienne durant son enfance à Hochelaga-Maisonneuve, mais il affectionne particulièrement ce pays. «Quand j'y vais, j'ai l'impression d'être né là, dit-il. J'aime la langue, la musique, la chaleur, la façon de vivre, de cuisiner. Je me sens chez nous.»

Le répertoire de chant napolitain, composé en majeure partie entre la moitié du XIXe siècle et les années 30, est immense. Pour choisir 15 pièces, le chanteur en a écouté plus de 400! Il faut dire qu'il adore ces sérénades, sentimentales à souhait, qui ne sont pas sans rejoindre sa personnalité.

«La première fois que j'ai découvert cette musique, au Conservatoire, je l'ai aimée instantanément, dit-il. Ce sont des histoires d'amour pas possibles où tout est surligné à grands traits. Et même quand la situation semble désespérée, on y entend une petite note du soleil d'Italie. Les émotions là-dedans n'ont pas de zones grises. C'est noir ou blanc, et ça me fait rire, car je suis comme ça, moi aussi.»

D'ailleurs, le public adore. «J'en chante déjà deux dans chacun de mes spectacles pop, et chaque fois, elles volent carrément le show.»

Ses coups de coeur

Les plus universellement connues des chansons napolitaines sont certainement O Sole mio et Torna a Surriento, que tout le monde, à moins d'avoir passé sa vie sur Mars, a dû entendre au moins une fois. Le chanteur les a pourtant exclues de son album. «J'y suis allé avec mes coups de coeur, sans tenir compte du fait qu'une pièce serait déjà connue ou non du public», dit-il.

Le disque, qu'il a produit lui-même, sous licence avec Atma Classique, a mis deux ans à venir au monde. Un peu parce que ses autres disques fonctionnaient tellement bien qu'il était préférable d'attendre. Mais aussi parce qu'il y a apporté un soin maniaque.

«C'est mon bébé. Après avoir choisi les pièces, j'ai consulté plusieurs personnes au sujet de l'accent napolitain, parce que j'ai beau avoir appris l'italien, il y a des différences régionales, dit Marc Hervieux. Et après l'enregistrement, je suis retourné plusieurs fois en studio pour corriger des petits détails.»

Cet enregistrement, avec une dizaine de musiciens, s'est déroulé à l'église Saint-François-de-Sales, à Laval. «Ça s'est fait dans le bonheur total, une atmosphère de party, raconte le chanteur. Je voulais que les musiciens s'amusent, car je me disais que ça allait influencer l'ambiance du disque.»

Tournée

Il va sans dire qu'une nouvelle tournée basée sur ce répertoire se trame pour l'automne 2012, au Québec, dans le reste du Canada et à l'étranger.

D'ici là, Hervieux refait le tour de la province avec son spectacle Après nous, déjà présenté à 73 reprises.

«La demande était telle que j'ai accepté de le continuer, mais j'ai mis une limite: le 15 avril 2012. Après cette date, ce sera un beau souvenir, parce que j'ai le goût de faire autre chose.»

Par exemple: chanter à l'opéra! Cet automne, il sera Canio dans Pagliacci, à Calgary, son seul rôle de la saison.

«J'ai refusé des rôles pour cette saison parce que je travaille sur un nouvel album pop, ainsi que sur un album d'airs d'opéra français. Mais pour la saison 2012-2013, j'ai déjà quatre rôles de prévus.»

Sans compter qu'en novembre, il lance un album de chansons de Noël originales, composées pour lui par une brochette d'artistes québécois.

Marc Hervieux, Italien? Peut-être. Hyperactif? On n'en doute pas une seconde!

CLASSIQUE

Marc Hervieux

A Napoli

Atma Classique