Le chef d'orchestre allemand Kurt Sanderling est mort dimanche à Berlin à l'âge de 98 ans, a annoncé son fils Stefan à l'agence de presse allemande dpa.

«Il s'est endormi paisiblement entouré de sa famille», a indiqué son fils, également chef d'orchestre. Kurt Sanderling aurait fêté ses 99 ans lundi.

D'origine juive, Kurt Sanderling avait fui le nazisme en 1936 et trouvé refuge en Union soviétique, où il a dirigé jusqu'en 1960 l'Orchestre philharmonique de Leningrad (aujourd'hui St-Petersbourg).

Un an avant l'édification du Mur de Berlin par le régime est-allemand (1961) et après 24 ans d'exil, il avait obtenu des plus hautes autorités soviétiques l'autorisation de revenir dans sa patrie pour y entamer une seconde carrière.

Depuis, Kurt Sanderling a toujours manifesté sa reconnaissance envers l'URSS: «Elle m'a sauvé de l'Holocauste et, même si j'y ai vu des choses que j'aurais préféré ne pas voir, elle m'a personnellement permis une carrière extraordinaire».

De même, il n'a jamais oublié pourquoi il avait dû quitter l'Allemagne et c'est ainsi qu'au moment de commencer sa première répétition à la tête de l'Orchestre symphonique de Berlin, en 1960, une formation qu'il allait ensuite diriger pendant 17 ans, le maestro avait tenu à déclarer: «Je suis juif».

Les réalités de l'URSS, Kurt Sanderling avait pu les appréhender de près et au coeur de la dictature communiste aux côtés de son ami, le compositeur Dmitri Chostakovitch (1906-1975).

Kurt Sanderling a laissé des enregistrements de référence de Chostakovitch, notamment des Première, Cinquième, Dixième et Quinzième symphonies.

Restent en mémoire ses enregistrements et concerts à la tête des plus grands orchestres du monde avec des oeuvres de Wolfgang Amadeus Mozart, Ludwig van Beethoven, Anton Bruckner, Johannes Brahms, Jean Sibelius, Robert Schumann et Gustav Mahler.