Été comme hiver, l'activité musicale ne diminue pas en cette ville. Pendant que se déroule le huitième stage de l'Institut canadien d'art vocal, à l'Université de Montréal, s'ouvre à McGill la deuxième année de l'Académie internationale de Quatuor à cordes. Durant deux semaines, jusqu'au 27 août, neuf jeunes quatuors, principalement du Canada et des États-Unis, mais aussi d'Allemagne et de Russie, travaillent le répertoire avec des membres de quatuors réputés (Guarneri, Alban-Berg, Artis) et se produisent en concert.

Le concert d'ouverture était donné dimanche soir par le Quatuor Cecilia. L'ensemble féminin, créé à Toronto en 2004 et en résidence à McGill l'an dernier, s'est fait entendre ici à quelques reprises, laissant généralement une bonne impression. Il nous revient auréolé du premier prix au Concours de Banff 2010 et, en même temps, affecté d'un changement dans ses effectifs : une nouvelle violoncelliste.

Fondée et subventionnée par la mécène Constance V. Pathy, présidente du Ladies' Morning Musical Club, et dirigée par le professeur André Roy, l'Académie bénéficie cette année d'un petit aménagement scénique incluant une plateforme qui sert de caisse de résonance et donne du relief à la sonorité des instruments. Il faudrait aussi penser à mettre un peu de lumière dans la salle. Ceci n'est pas une séance de cinéma mais une audition pour public curieux de connaître et susceptible de vouloir consulter le programme pendant qu'il écoute.

La principale qualité notée chez le Cecilia dimanche soir est d'ordre extérieur : beauté du son, coordination du jeu, justesse absolue. Là-dessus, rien à redire. Le reste me jette dans la consternation. Que le Cecilia ait gagné à Banff, cela ne l'autorisait pas à proposer ce programme carrément au-dessus de ses moyens d'interprète. Résultat: du concert entier, le seul moment entièrement satisfaisant se ramena aux quelques minutes d'introduction, c'est-à-dire à ce Crisantemi de Puccini, rarissime incursion de l'auteur de Tosca en musique de chambre et pièce délicieusement sentimentale dans laquelle les quatre coéquipières mirent une expression qui allait droit au coeur.

On allait ensuite sombrer dans le néant. La Suite lyrique d'Alban Berg reste, 85 ans après sa création, une chose extrêmement aride qui n'entrera probablement jamais au répertoire courant. Des quatuors ayant expérience et maturité - je pense au Juilliard d'une époque depuis longtemps révolue - peuvent donner de la dimension à cette musique. Les demoiselles du Cecilia n'y comprennent manifestement rien et s'y ennuient autant que nous.  

Le Quatuor op. 106 de Dvorak pose un autre problème. Ses 40 minutes contiennent peu de substance musicale, pas même un thème qui colle bien à l'oreille, et, là encore, seuls des ensembles aguerris savent en tirer quelque chose. Nos jeunes cordistes se sont limitées à une lecture où il ne s'est rien passé, si l'on excepte, chez l'altiste, un petit problème de corde qui a considérablement augmenté la durée du point d'orgue précédant l'épisode «tranquillo» au 2e mouvement.

QUATUOR À CORDES CECILIA - Min-Jeong Koh et Sarah Nematallah (violons), Caitlin Boyle (alto) et Rachel Desoer (violoncelle). Dimanche soir, Pollack Hall de l'Université McGill. Dans le cadre de l'Académie internationale de Quatuor à cordes de McGill.

Programme:

Crisantemi (1890) - Puccini

Lyrische Suite (1925-26) - Berg

Quatuor no 13, en sol majeur, op. 106, B. 192 (1895) - Dvorak