Cela fait maintenant un an que les négociations entre la Guilde des musiciens affiliée à la FTQ et l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) sont dans l'impasse. Une assemblée générale s'est tenue jeudi. Les 92 musiciens de l'OSM en sont venus à la conclusion que si les négociations n'aboutissaient pas à une nouvelle entente de travail d'ici à l'ouverture de la nouvelle salle de concert au début du mois de septembre, ils prendraient les mesures nécessaires pour faire pression sur leur employeur.

« Il y a une certaine mobilisation des troupes qui est en train de se faire, car les musiciens sont un peu irrités de la longueur du processus, explique Serge Desgagnés, président du comité de négociation. Notre entente collective est échue depuis un an. On s'attend à de la négociation active d'ici la fin août. Concernant les moyens de pression, rien n'est exclu. On va fonctionner selon l'évolution du dossier. »

Parmi les revendications, la Guilde désire un rattrapage salarial pour réduire l'écart entre les musiciens de l'OSM et ceux de l'Orchestre symphonique de Toronto. L'OSM a majoré son offre financière en juin dernier mais le syndicat la juge encore insuffisante.

« Notre objectif est de réduire l'écart au point où il était au début de notre dernière entente collective, c'est-à-dire à 10% en faveur des musiciens de Toronto. Étant donné la différence entre les coûts de la vie, c'est un pourcentage raisonnable. Mais l'écart s'est creusé pour atteindre 19% aujourd'hui. Si ça reste comme ça, on va continuer à creuser la différence », précise-t-il. « L'orchestre connaît un renouveau et son fonds de dotation est en croissance phénoménale depuis quelques années. Compte tenu de sa bonne santé financière, on accepte très mal un quelconque appauvrissement des musiciens », poursuit-il.

De son côté, l'OSM précise par voie de communiqué que « même réduite à 8,5%, la demande syndicale se situe très au-delà de la capacité de payer de l'OSM, qui propose des augmentations de 4% durant la même période ».

L'employeur ajoute qu'il se doit de gérer ses finances avec prudence étant donné que plus de 45% de son budget annuel provient des subventions du gouvernement, comparativement à moins de 25% à Toronto.

Les musiciens et l'OSM se sont entendus sur le fait de limiter la charge de travail à 30 heures par semaine. L'employeur demande toutefois une mesure de flexibilité permettant, d'une part, une semaine par année à 31,5 heures de travail; d'autre part de pouvoir requérir plus de neuf services deux semaines consécutives, une clause que le syndicat refuse d'accepter à l'heure actuelle.

« Il s'agit de 30 heures par semaine avec le chef d'orchestre, excluant bien entendu le travail personnel pour éviter les blessures des musiciens. Le stress musculaire, en particulier pour des instruments comme le violon, a des impacts majeurs pour la santé et la carrière du musicien et l'élément déclencheur, c'est justement les semaines de travail trop chargées qui arrivent à l'occasion », dit M. Desgagné.

« Le syndicat doit maintenant mieux tenir compte du contexte économique dans lequel nous évoluons et faire preuve de plus de réalisme dans ses demandes », précise pour sa part Mme Madeleine Careau, chef de la direction de l'OSM.