Visite rare à Lanaudière ce lundi: le pianiste français Pascal Amoyel, spécialiste du répertoire romantique, dans un récital Liszt consacré aux Harmonies poétiques et religieuses.

Il s'agit d'une seconde visite du pianiste au Québec. On l'avait entendu à Lanaudière il y a 10 ans, alors qu'il jouait avec sa conjointe, la violoncelliste Emmanuelle Bertrand.

Pascal Amoyel interprète Liszt depuis plusieurs années. De la quinzaine de disques qu'il a enregistrés, au moins la moitié comportent des oeuvres du compositeur.

«Liszt a été une grande passion dans ma vie, dit-il. C'est par György Cziffra, qui a été mon maître pendant huit ans et qui le jouait de manière admirable, que je l'ai découvert.»

Et le Liszt qu'Amoyel affectionne particulièrement, c'est celui qui a un lien avec l'idée de Dieu, très présente dans ce cycle de pièces dont les titres sont empruntés à des poèmes de Lamartine.

«Ce sont des pièces extrêmement touchantes parce qu'on y retrouve tout Liszt, dit Amoyel. Alors que certaines sont de nature plus profane, comme l'Hymne à l'enfant à son réveil, d'autres sont davantage empreintes de religiosité, comme le Pater Noster ou l'Ave Maria. On y trouve toute l'ambivalence de Liszt: à la fois virtuose adulé, inventeur du récital moderne qui faisait courir les foules, et le dépouillement de celui qui supportait mal cette notoriété et qui a arrêté de jouer à 38 ans pour se consacrer à la composition et à la direction, se faisant même abbé sur ses vieux jours.»

Mais malgré son côté spirituel, c'est surtout l'image du Liszt flamboyant que le public a retenue.

«On ne lui a pas pardonné cette gloire de musicien de salon devant lequel les femmes se pâmaient, alors qu'en fait, lorsqu'on lit ses écrits, on constate combien il était tout le contraire, ajoute-t-il. C'est touchant de voir à quel point il était en recherche, en quête spirituelle jusqu'à la fin de sa vie.»

Des pièces comme les Harmonies poétiques et religieuses sont rarement jouées en concert, déplore le pianiste.

«Ce n'est pas son oeuvre la plus accessible, mais elle constitue un cycle majeur dans l'histoire de la musique, dit-il. Heureusement, le fait que ce soit cette année le 200e anniversaire de sa naissance nous donne la possibilité de les faire entendre, et nous permet de voir Liszt sous un autre oeil que celui des sempiternelles Rhapsodies hongroises

Par ailleurs, il a aussi enregistré en 2007 ces Harmonies poétiques et religieuses, album qui sera réédité en septembre prochain. De plus, l'an dernier, son intégrale des Nocturnes de Chopin a été récompensée par le Grand Prix du Disque Frédéric Chopin.

Vocation: pianiste

Avant de se consacrer entièrement à la musique, Pascal Amoyel a étudié pendant quelques années en médecine, un peu pour contenter son père, lui-même médecin.

«Il m'a dit: passe ton diplôme scientifique, ensuite tu feras ce que tu veux, raconte-t-il. Mais mon hésitation entre la médecine et la musique n'a pas duré longtemps. Même si les gens me disaient qu'il fallait être fou pour faire une carrière de musicien, je ne l'ai jamais regretté. À un certain moment, on est tellement porté par ce besoin viscéral de faire de la musique, que même si, avec la société dans laquelle on vit, la question se pose sur le plan matériel, on en est trop imprégné pour faire autre chose.»

Pascal Amoyel, lundi 1er août, 20h, Église de Saint-Paul-de-Joliette, Festival de Lanaudière. Également au Domaine Forget, 30 juillet, 20h.