Invité au troisième récital dominical de l'été au Casavant de la Basilique Notre-Dame, Olivier Latry avait consacré son programme aux trois principales oeuvres pour orgue de Liszt dont 2011 marque le bicentenaire de la naissance.

L'organiste français (dont on s'étonne d'apprendre qu'il aura déjà 50 ans l'an prochain!) est le premier et le plus connu des trois titulaires de Notre-Dame de Paris. Il s'est produit à plusieurs reprises à Montréal, joue fréquemment aux États-Unis et est présentement professeur invité à l'Académie d'orgue de McGill.

Il ouvrit son programme avec ce qui est hélas! la moins intéressante des trois oeuvres, soit les Variations sur le premier choeur de la Cantate no 12 de Bach, Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen. Le titre peut se traduire ainsi : Pleurer, gémir, souffrir, se décourager. Il s'agit d'ailleurs d'une transcription pour orgue d'une page que Liszt destina d'abord au piano.

Indépendamment de l'intérêt limité de cette musique, M. Latry y apporta le maximum et confirma dès le départ ses qualités de virtuose, au sens le plus noble du terme.

La pièce suivante a aussi Bach pour origine : cette fois,  les quatre lettres du nom qui, dans la nomenclature allemande, correspondent à si bémol, la, do et si bécarre (ou naturel, non altéré). L'organiste énonça le thème avec une clarté qu'il maintint jusqu'à la fin de l'exercice, à travers une registration pourtant très étoffée.

La plus longue, la plus ambitieuse et la plus remarquable des trois oeuvres reste la Fantaisie et Fugue sur le choral Ad nos, ad salutarem undam de l'opéra Le Prophète de Meyerbeer.

L'oeuvre de quelque 30 minutes est une complexe structure de 27 variations basées sur un thème qui, coïncidence, fait 27 notes; il n'apparaît au complet qu'à la 12e variation, cependant que la fugue elle-même ne débute qu'à la 20e variation. À tous égards, la réalisation d'Olivier Latry était celle d'un maître : traits de pédale rapides et précis, claviers se répondant avec éclat, recherches parfois très poussées sur le plan des couleurs, envergure musicale cristallisant tous ces éléments.

Malgré la chaleur extrême, un auditoire nombreux était venu entendre l'organiste. Celui-ci ajouta en rappel, de Liszt encore, une transcription de l'ouverture de Tannhäuser, de Wagner, qui plonge au plus profond de l'orgue, comme au plus profond de l'âme...

OLIVIER LATRY, organiste. Dimanche soir, Basilique Notre-Dame (orgue à traction électropneumatique Casavant (1890-1991); 92 jeux, quatre claviers manuels et pédale).

Programme consacré à Franz Liszt :

Variations sur «Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen», S.673 (1863)

Prélude et Fugue sur B. A. C. H., S.260 (1856, rév. 1870)

Fantaisie et Fugue sur «Ad nos, ad salutarem undam», S.259 (1850)