Le Festival de Lachine -- dont la programmation de concerts, tous gratuits, se poursuit jusqu'au 16 juillet - présentait vendredi soir un quatuor montréalais très peu, sinon jamais, affiché dans sa propre ville : le Quatuor Ondine qui, au surplus, n'est pas un quatuor à cordes, mais appartient à une espèce plus rare, le «quatuor avec piano», c'est-à-dire : piano, violon, alto et violoncelle.

Formé il y a quatre ans, le groupe est entièrement féminin (d'où ce nom, Ondine) et réunit quatre musiciennes bien connues de notre scène musicale : la pianiste Marie Fabi, la violoniste Laurence Kayaleh, l'altiste Jutta Puchhammer-Sédillot et la violoncelliste Carole Sirois.   

Bien que chacune soit active comme concertiste ou professeur, ici même ou à l'étranger, les quatre musiciennes se retrouvent assez régulièrement pour préparer du répertoire et offrir au public le résultat de leur travail collectif.

Travail collectif en profondeur, faut-il ajouter, l'allusion au contexte «aquatique» étant tout à fait fortuite. Les quatre coéquipières ont en effet livré dans une très belle tenue professionnelle un programme qui, à lui seul, valait le déplacement.   

Deux des oeuvres les plus représentatives du répertoire pour piano et cordes, le K. 478 de Mozart et l'opus 15 de Fauré (dans chaque cas, premier des deux quatuors piano-cordes du compositeur), encadraient une rareté, l'opus 1 de Josef Suk, compositeur tchèque qui fut l'élève puis le gendre de Dvorak. En dépit du numéro d'opus, et bien qu'il s'agisse d'une page de jeunesse, ce n'est pas la première oeuvre de Suk. C'est, cependant, sa seule oeuvre destinée à la combinaison piano-cordes.   

Marie Fabi a travaillé la musique de chambre avec Menahem Pressler, le légendaire meneur de jeu du Trio Beaux-Arts, et elle a hérité de lui ce sens du leadership qui assura à chaque oeuvre la cohésion requise et demeura intact malgré quelques petits ratés dans le Mozart. L'influence de Pressler se fit sentir jusque dans la cadence que la pianiste, à l'instar du maître dans son propre enregistrement, improvisa au milieu du Rondo final.   

Très peu joué en concert et très peu enregistré, le Quatuor de Suk fut une petite révélation, surtout dans une lecture aussi engagée. Ici, mention au chaleureux violoncelle de Carole Sirois qui avait le grand rôle dans l'Adagio central.

Le Fauré, dont les 34 minutes occupaient l'après-entracte, fut traduit avec tour à tour délicatesse, humour et passion.   

L'Entrepôt, où se donnent la majorité des concerts du Festival, est une petite salle moderne dont l'acoustique m'a paru excellente. Les quatre instruments y sonnaient avec naturel et l'équilibre entre les quatre ne posait pas de problèmes. Mieux encore, l'auditoire de vendredi était celui que l'on souhaite pour la musique de chambre : attentif, silencieux, et n'applaudissant que lorsque l'oeuvre est terminée.   

QUATUOR ONDINE - Marie Fabi (piano), Laurence Kayaleh (violon), Jutta Puchhammer-Sédillot (alto) et Carole Sirois (violoncelle). Vendredi soir, L'Entrepôt. Dans le cadre du Festival de Lachine.

Programme :

Quatuor no 1, en sol mineur, K.478 (1785) - Mozart

Quatuor en la mineur, op. 1 (1891) - Suk

Quatuor no 1, en do mineur, op. 15 (1876-83) - Fauré