Kent Nagano avait déjà monté un programme de l'OSM sur le thème de la nature, en novembre 2006, avec deux des Quatre Saisons de Vivaldi et la Pastorale de Beethoven. Quatre ans plus tard, il reprend la Pastorale, cette fois dans le cadre d'un concert «écologique» où la nature elle-même s'exprime par la bouche du Dr David Suzuki, personnalité bien connue de la télévision, homme de science et défenseur de l'environnement.

L'invité commence par nous informer, en français, qu'il se trouvait à Londres la veille et qu'il se sentira plus à l'aise en anglais (comme s'il y avait un lien entre les deux états!). Il se montre très sévère à l'endroit des industries polluantes, très inquiet quant à l'avenir de notre planète, et on ne peut qu'être pleinement d'accord avec ses propos, lesquels sont accompagnés de projections et ensuite lus en traduction française par la comédienne Marie-Thérèse Fortin.

On se demande tout simplement ce qu'une conférence sur l'écologie vient faire dans un concert. À ce compte-là, il faudrait aussi penser à des concerts sur l'importance de l'exercice physique, de la saine alimentation, de l'éducation des enfants, de je ne sais quoi encore, le tout avec musique appropriée, bien sûr. Notre maestro se plaît dans ce genre de diversions, mais il n'est pas dit que le public le suivra éternellement. Au surplus, tout ce verbiage allonge indûment le concert. Hier soir, celui-ci s'est terminé passé 22 h 30. L'OSM semble oublier tous ces gens qui travaillent tôt le lendemain matin!

La partie musicale de cette très longue soirée est consacrée à Beethoven, ce qui, bien sûr, n'est pas de la première originalité. Oublions la mise en place un peu laborieuse de la Grande Fugue, qui passe du quatuor à cordes à une transcription pour orchestre de chambre de Felix Weingartner. Le reste est meilleur: huitième Symphonie d'abord, Pastorale ensuite. Les deux partitions ne demandent aucune profondeur; plutôt, de la légèreté, de la transparence. Nagano obtient l'une et l'autre, dans les tempi allants qui conviennent et une belle clarté de contrepoint.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Kent Nagano. Invités: Dr David Suzuki, auteur, et Marie-Thérèse Fortin, lectrice. Hier soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts; reprise ce soir, 20 h. Série Grands Concerts.

Programme consacré à Ludwig van Beethoven (1770-1827):

Grande Fugue en si bémol majeur, pour quatuor à cordes, op. 133 (1825), orchestration: Felix Weingartner

Symphonie no 8, en fa majeur, op. 93 (1812)

Symphonie no 6, en fa majeur, op. 68 (Pastorale) (1807-08)