Jusqu'au 1er avril, le chef d'orchestre Jacques Lacombe dirigera Ariane à Naxos, de Richard Strauss, au Deutsche Oper Berlin, prestigieuse maison d'opéra de la capitale allemande. Un retour en terre connue pour celui qui parcourt l'Europe et l'Amérique chaque année à la tête d'orchestres des deux continents.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Jacques Lacombe se sent chez lui à Berlin. Il rencontre La Presse dans un café accueillant et sans prétention de Charlottenburg, dans l'ancien Berlin-Ouest, «un de mes endroits préférés», précise-t-il. Depuis ses débuts, en 2005, il dirige pratiquement chaque saison au Deutsche Oper - un rare honneur et un témoignage éloquent de la confiance que lui accordent les responsables de la maison.

Entre deux représentations, Jacques Lacombe parle de son métier avec la même passion intarissable et la verve qui, on s'en doute, caractérisent sa collaboration avec les musiciens et chanteurs placés sous sa direction. Derrière son regard vif et sa volubilité, on devine néanmoins un esprit d'une grande rigueur, celui d'un artiste pour qui inspiration rime avec travail et partage.

«C'est un privilège de pouvoir développer une relation avec un orchestre sur la durée. Ici, à Berlin, il y a une tradition incroyable, une des cultures musicales les plus riches du monde, mais ce qui m'impressionne toujours, c'est l'ouverture dont fait preuve l'orchestre. C'est presque paradoxal, mais ça permet d'établir un vrai dialogue entre un chef et des musiciens. C'est un enrichissement mutuel, qui influence aussi mon travail auprès d'autres orchestres.»

Un équilibre nécessaire

Car même s'il est berlinois une partie de l'année, Jacques Lacombe ne renie pas ses racines. Originaire du Cap-de-la-Madeleine, il est, depuis 2006, directeur artistique de l'Orchestre symphonique de Trois-Rivières, et terminera en juin sa première saison à la direction musicale du New Jersey Symphony Orchestra, où il a succédé au chef de réputation internationale Neeme Järvi.

Il retrouvera ces prochains mois l'Opéra de Marseille, le célèbre ténor français Roberto Alagna et Le Cid de Massenet, celui de Vancouver et La Traviata de Verdi, et dirigera pour la première fois au Carnegie Hall de New York, la saison prochaine. Comment maintient-il l'équilibre, entre tous ses engagements internationaux au concert, au ballet ou à l'opéra et le temps qu'il passe dans sa ville natale?

«J'adore Montréal, j'adore Trois-Rivières, mais j'ai vraiment beaucoup de chance, car je suis bien partout. Mon épouse, Janet, travaille avec moi à la planification et la logistique de mes déplacements, et nous voyageons ensemble. Je tolère bien le décalage horaire. J'ai 47 ans, ce qui est jeune pour un chef d'orchestre! s'exclame-t-il en riant. Je n'ai jamais fait de plans. Je m'investis dans l'instant, dans le travail avec mes collègues. Je parviens aujourd'hui à communiquer des intentions musicales plus simplement, plus directement, et à obtenir de meilleurs résultats. Je dois avoir une bonne étoile, parce que ça marche. Puis, on ne le dit peut-être pas assez souvent, mais c'est un métier extraordinaire.»

Jacques Lacombe est un jeune chef d'orchestre... déjà sage.