Adulé dans le monde entier à l'égal d'une rock star, le jeune pianiste chinois Lang Lang, 28 ans, a carte blanche à Paris jusqu'au 2 avril où il offre une série éclectique de concerts, allant de Beethoven au jazz en passant par Prokofiev.

«Je pense que donner une multiplicité de concerts, presque un festival, m'apprend beaucoup de choses. Cela m'apporte beaucoup de nouvelles idées sur ma façon de jouer du piano, de penser le piano et la musique,» déclare-t-il à l'AFP. Sans oublier «le partage» avec le public et les autres musiciens, ajoute-t-il.

Le programme va d'un récital à la Salle Pleyel où il joue Beethoven, Albéniz et Prokofiev, à un concert avec l'Orchestre de Paris dirigé par Christophe Eschenbach, qu'il connaît depuis l'âge de 17 ans.

Sans oublier un programme de musique de chambre, une soirée avec le jazzman Herbie Hancock, avec lequel il est déjà parti en tournée, et un concert éducatif où le pianiste expliquera au jeune public ce qui l'émeut dans la musique qu'il interprète.

Le jeune virtuose, ambassadeur de bonne volonté de l'Unicef depuis 2004, a lui-même créé une fondation au profit de l'éducation musicale dans le monde, avec des bourses pour aider les enfants prodiges.

Dans son autobiographie, Le piano absolu, il raconte comment il a quitté avec son père sa ville de Shenyang, où il s'était lui-même révélé un enfant prodige, afin d'aller étudier à Pékin.

Poussé dès son plus jeune âge à être toujours le meilleur par ce père intransigeant, dont il est le fils unique, Lang Lang intègre à 9 ans le Conservatoire de Pékin et doit survivre dans un univers de compétition où les concours succèdent aux concours.

Aux États-Unis, où il vit désormais, le virtuose, à l'âge de 15 ans, peut plus tranquillement approfondir son art, avant de jouer avec succès dans la salle mythique de Carnegie Hall à 19 ans.

Aujourd'hui, le jeune Lang se réjouit: «J'ai beaucoup de chance d'être musicien», assure le pianiste, qui fut le premier artiste chinois à recevoir un Grammy Award en 2007.

Lang Lang a également joué lors de l'inauguration des Jeux olympiques de Pékin et pour la remise du prix Nobel de la Paix au président américain Barack Obama en 2009.

Il représente des grandes marques de sport et a enregistré, avec Herbie Hancock, un spot publicitaire pour une compagnie aérienne.

Look branché dans un costume gris clair fantaisie, lunettes de soleil, et touffe de cheveux noirs dressés, Lang Lang ne boude pas les privilèges du succès, que lui permettent ses cachets.

Jet privé au besoin, voiture noire avec chauffeur pour parcourir d'infimes trajets du restaurant à son hôtel, de son hôtel à la salle de concerts, accompagné de sa mère et de l'un de ses agents.

Il s'émerveille d'une affiche le représentant dans l'entrée des artistes de la salle de concert à Pleyel.

Son mode de vie de star? «Je l'apprécie beaucoup», assure-t-il. «Mais je suis toujours la même personne. Je n'ai pas changé».

Et très vite, la nécessité de jouer l'emporte pour lui sur l'échange avec la presse. «Désolé, je dois travailler», dit-il. En un éclair, il est sur son instrument d'où la musique ruisselle.

Simple sur scène, il est souverain devant son piano avec lequel il parcourt en maître ses terres musicales, le brio, la fougue, le disputant à la douceur dans une grande fluidité.