Le dernier concert de la «Série classique» de la Place des Arts ne manquera pas de prestige et d'émotion, alors que seront réunis sur scène, vendredi, deux artistes à la réputation légendaire, Dame Kiri Te Kanawa et le maestro André Previn, qui dirigera l'orchestre symphonique de la NHK de Tokyo. Un concert qui promet d'être teinté de tristesse, alors que la soprano et les musiciens de l'orchestre pleurent les morts et la destruction qui ont affligé leurs deux pays à quelques semaines d'intervalle.

Originaire de Nouvelle-Zélande, Dame Kiri Te Kanawa a tenu, lors d'un bref entretien téléphonique avec La Presse, à souligner le drame que vit son pays à la suite du tremblement de terre survenu le 22 février dernier.

«J'aimerais transmettre le message à tous ceux qui connaissent et aiment la Nouvelle-Zélande d'être solidaires et de donner généreusement», dit-elle. Elle n'a d'ailleurs pas hésité à s'adresser à l'auditoire en ces termes avant de chanter une seule note lors de ses derniers récitals en Australie, quelques jours après le cataclysme.

Alors qu'un autre séisme suivi d'un tsunami dévastait le Japon la semaine dernière, on s'est inquiété pour les musiciens du NHK. Au moment d'écrire ces lignes, toutefois, la direction de la Place des Arts avait fait savoir que les membres de l'orchestre étaient tous sains et saufs, et qu'ils comptaient bien se rendre en Amérique du Nord comme prévu.

Diva et mentor

Après une carrière couvrant quatre décennies, Kiri Te Kanawa, aujourd'hui âgée de 67 ans, a délaissé les rôles dans les grandes productions d'opéra il y a plusieurs années pour se consacrer davantage aux récitals. Toutefois, elle a fait l'an dernier un bref retour à Cologne en personnifiant la Maréchale dans Der Rosenkavalier, ainsi qu'une apparition au Met en Duchesse de Crackentorp dans La Fille du régiment, de Donizetti.

Bien que son calendrier de récitals soit encore bien garni, elle consacre aujourd'hui une bonne partie de son temps à aider les jeunes chanteurs par le truchement d'une fondation qui porte son nom.

«En prenant leur retraite de la scène internationale, certains chanteurs décident de s'en aller tout simplement. Pour ma part, je souhaite rester pour aider la prochaine génération, et aider les meilleurs à réaliser leur rêve», dit-elle.

L'orchestre symphonique de la NHK, ou Nippon Hoso Kyokai, terme qui réfère à la société nationale de radio et de télédiffusion japonaise, existe depuis 80 ans. C'est sa première visite à Montréal. Son principal chef invité, André Previn, qui fêtera ses 82 ans en avril prochain, considère qu'il s'agit du meilleur orchestre du Japon à l'heure actuelle.

On pourra entendre la Symphonie no 5 de Prokofiev, les quatre derniers lieder de Strauss, et Green, une oeuvre du compositeur japonais Toru Takemitsu qui s'inspire de Debussy.

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Kiri Te Kanawa et l'Orchestre symphonique de la NHK, sous la direction d'André Previn, vendredi, 20 h, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.