Menu traditionnel cette semaine à l'OSM: la pièce canadienne «obligatoire» en guise d'entrée, le concerto de virtuose avant l'entracte, la symphonie de répertoire en seconde partie.

Le programme est confié au chef américain Robert Spano, directeur musical de l'Atlanta Symphony, que l'OSM a déjà reçu dans le passé. Le pianiste macédonien Simon Trpceski fait à cette occasion ses débuts à l'OSM mais non à Montréal, ayant joué Chostakovitch avec les Musici en 2006.

Pour la pièce canadienne, l'OSM a encore choisi John Estacio qui, encore une fois, nous apporte la double confirmation qu'il sait faire sonner très brillamment un orchestre mais qu'il n'a absolument rien à dire. Ce Borealis en deux sections faisant 18 minutes est accessible parce qu'il est plutôt tonal, évoque la musique de film et flirte avec John Adams.

Les passages très rapides et très ardus du deuxième Concerto de Rachmaninov -en somme, la majeure partie de la partition- trouvent M. Trpceski étrangement nerveux, tout comme lors de son concert avec les Musici. Le regard tourné vers le chef ou vers l'orchestre, on le sent préoccupé de jouer les bonnes notes plutôt qu'inspiré par le texte musical. Cette atmosphère de proche panique élimine tout plaisir qu'on pourrait prendre à l'écouter. Heureusement, le mouvement lent lui donne un certain répit. Il peut alors rêver un peu, porté par les cordes que le chef unifie somptueusement.

Finalement, du concert entier, seule la cinquième Symphonie de Sibelius laisse quelque impression. Pendant que j'écris ces lignes, j'entends encore les beaux thèmes tels que les a fait chanter le chef Spano, alors que toute trace du Rachmaninov a complètement disparu de mon esprit. Tout l'orchestre est très en place et l'atmosphère de grand espace est là. On souhaiterait simplement, de la part du chef, plus de soin du détail et plus de force. Ainsi, au premier mouvement, le solo de basson est marqué successivement «lugubre» et «patetico». On ne s'en serait jamais douté. Au finale, la rentrée des quatre cors est indiquée «deciso». Là encore, jeu correct mais sans caractère.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité : Robert Spano. Soliste : Simon Trpceski, pianiste. Mardi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Air Canada».

Programme :

Borealis (1997) -Estacio

Concerto pour piano et orchestre no 2, en do mineur, op. 18 (1900-01) -Rachmaninov

Symphonie no 5, en mi bémol majeur, op. 82 (1914-19) -Sibelius