Plus qu'un chef musical et imaginatif, Sir Andrew Davis s'est révélé hier soir brillant animateur et conteur. Chef invité à l'OSM, il avait consacré la seconde moitié de son programme à la musique du ballet Cendrillon, de Prokofiev - à une différence près. Au lieu de choisir l'une des trois suites de concert que le compositeur tira de sa partition intégrale, qui totalise 50 numéros, le chef britannique a composé sa propre suite en puisant parmi les trois existantes.

La suite ainsi constituée de 12 numéros retient tous les événements importants du fameux conte de Perrault et les place dans leur ordre chronologique, ce qui n'est pas nécessairement le cas de chacune des trois suites. Mieux encore, le chef invité a surpris et charmé l'auditoire en faisant précéder chacune des 12 pièces d'un résumé de l'action, au micro. Il a commencé sa présentation en français et l'a poursuivie en anglais, ce qui est bien compréhensible.

Sir Andrew prenait manifestement un immense plaisir à cet exercice. Même chose de ce côté-ci de la rampe, dois-je ajouter. Avant tout, il a obtenu une exécution qui, à la fois, mettait en valeur l'orchestration extrêmement riche, colorée et mouvante de Prokofiev et la maîtrise absolue de l'OSM à en restituer toute la force et toute la subtilité.

Le chef invité a étonné dès son entrée en matière par le soin apporté à la pièce de Pierre Mercure, Lignes et points, jouée en hommage au visionnaire que Montréal/Nouvelles Musiques célèbre cette semaine. Commande de l'OSM qui la créa dans cette même salle en 1965, il y a donc 46 ans, la pièce de 13 minutes n'a pas vieilli. On peut voir des «lignes» dans les glissandos continus des violons et des «points» dans les pizzicatos subits des contrebasses; on peut aussi se laisser simplement séduire par cette luxuriance sonore que le chef fit graduellement s'éteindre avec un art infini.

Stephen Hough, qu'une intégrale Tchaïkovsky au disque a consacré spécialiste de la musique russe, s'est ensuite engagé dans ce redoutable et irrésistible Rachmaninov qu'est la Rhapsodie sur un thème de Paganini. Il a traversé les 24 variations avec la plus grande facilité technique et, en même temps, a cherché à donner un nouveau relief à chacune. Chef et orchestre le suivaient à la fraction de seconde.

_______________________________________________________________________________

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Sir Andrew Davis. Soliste: Stephen Hough, pianiste. Hier soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts; reprise ce soir, 20 h. Série «Grands Concerts».

Programme:

Lignes et points (1965) - Mercure

Rhapsodie sur un thème de Paganini, pour piano et orchestre, op. 43 (1934) - Rachmaninov

Suite du ballet Cendrillon (1945) - Prokofiev, arr. Davis