Dans le cadre de la saison de son Ensemble Contemporain, Véronique Lacroix nous ramenait hier soir l'Ensemble de flûtes Alizé. Elle le présentait d'abord dans sa composition habituelle, soit huit flûtistes, pour le porter en fin de concert à 26.

L'information reçue du bureau de Mme Lacroix mentionnait 23 flûtistes. Hier soir au micro, Christopher Butterfield, l'auteur de la pièce demandant de tripler les effectifs, parlait de 24 flûtistes entourant l'auditoire. Du petit balcon surplomblant la salle du Conservatoire, j'en ai compté très exactement 26.

Le concert portait un titre: D'un Océan à l'autre. On l'aura deviné: un compositeur est de Vancouver, c'est précisément M. Butterfield, et une compositrice, Kati Agócs, est de Terre-Neuve. Les deux autres sont de Montréal et de Winnipeg.

Le programme utilisait les quatre principaux modèles de flûtes: la traversière de concert, le piccolo et les deux dites «alto» et «basse».

L'oeuvre la plus longue et la plus ambitieuse, celle de M. Butterfield, venait en dernier. Du centre de la salle, Mme Lacroix dirigeait les 26 flûtistes encerclant les 200 auditeurs. Le titre de Bosquet est assez juste: pendant 21 minutes de minimalisme enclenché sur divers tempi, l'auteur suggère le perpétuel gazouillis de quelque volière en délire.

Une réserve, quand même. À un moment donné, deux des flûtistes sur scène se mettent à changer d'instruments sans arrêt, et ce pendant une bonne période de temps. L'auteur ne nous fera jamais croire qu'il entend une différence dans le brouhaha général!

Elysium se veut d'inspiration «religieuse». La Terre-Neuvienne Kati Agócs a rassemblé les voix de témoins de naufrages passés, qu'elle mêle aux bruits de l'océan (les flûtes) et à la voix de Dieu, celui-ci étant représenté par le violoncelle avec plus d'éloquence qu'ailleurs dans le concert.

Presque rien à dire sur le reste. Fitzell demande aux flûtistes de siffler dans leurs instruments ou de taper dessus. Makdissi-Warren s'est limitée à un petit solo de six minutes qui n'offre même pas l'intérêt d'être difficile à jouer.

Présentés par Nicolas Gilbert, qui s'est présenté lui-même comme «compositeur et écrivain», Mme Agócs et M. Butterfield ont commenté leurs travaux en français. M. Gilbert a sérieusement manqué d'élégance cependant, ne levant pas l'ombre du petit doigt pour aider le pauvre Vancouvérois qui cherchait désespérément un mot.

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ENSEMBLE DE FLÛTES ALIZÉ, Mariève Bock, violoncelliste, Marie-Hélène Breault, flûtiste. Dir. Véronique Lacroix. Hier soir, Conservatoire de musique.

Programme:

Magister Ludi (2010) (création) - Gordon Fitzell

Elysium
, avec bande (2010) (création) - Kati Agócs

Dialogue du silence, pour flûte seule (2003) - Katia Makdissi-Warren

Bosquet (2010) (création) - Christopher Butterfield