Alain Lefèvre sera l'invité du premier concert de la série Les Grands Québécois de l'OSM ce jeudi, une soirée sous l'influence du jazz et des compositeurs d'ici où il jouera le triple rôle d'interprète, animateur et compositeur. Soirée qui marque aussi le début d'une nouvelle ère post-Mathieu, alors que l'infatigable pianiste se fera cette année le porte-étendard de l'oeuvre la plus récente du compositeur François Dompierre.

Maintenant qu'André Mathieu est joué dans plus de 40 pays grâce à son travail et à sa persévérance, Alain Lefèvre ne compte pas arrêter en si bon chemin sa mission d'ambassadeur de la musique québécoise. Si les dernières années ont été celles de Mathieu, avec un apogée en 2010, l'année 2011 sera celle de François Dompierre, annonce le pianiste.

C'est ainsi que l'on pourra entendre jeudi soir un seul des 24 préludes pour piano du compositeur en première mondiale, un avant-goût de la vraie grande première. La véritable création mondiale des 24 préludes aura lieu le 15 juillet prochain à l'Amphithéâtre de Lanaudière, a révélé le pianiste en primeur à La Presse lors d'une entrevue à son domicile.

«Ce sont 200 pages de musique que je suis en train de m'entrer dans la tête, dit-il. François Dompierre est un compositeur incroyable et, à mon avis, il a écrit là un petit chef-d'oeuvre. Ces 24 préludes vont être une bombe!»

Pour lui, il est essentiel et logique que les interprètes d'ici se fassent les défenseurs de nos compositeurs, comme d'autres ailleurs ne se sont pas gênés pour le faire, Rubinstein pour Szymanowski, Maurizio Pollini pour Luigi Nono. «Si nous, les solistes, on ne se bat pas pour nos propres compositeurs, on manque le bateau! lance-t-il. Cette année, ce sera l'année Dompierre, l'an prochain, l'année Boudreau, et 2013, l'année Gougeon.»

Le programme de jeudi comporte en effet la Valse de l'asile de Walter Boudreau, bien connue des auditeurs de l'émission de radio d'Alain Lefèvre puisqu'elle en est l'indicatif musical. Elle constitue aussi le thème principal du concerto que Boudreau est en train d'écrire pour le pianiste, et qui sera créé en 2012.

«Quand on m'a proposé de participer à la série Les Grands Québécois, je me suis dit que j'allais me servir de cette soirée pour rendre hommage à nos grands musiciens, dit-il. Je vais passer la soirée à rendre hommage aux autres.»

Animateur

Le virtuose aurait pu se contenter de jouer du piano. Déjà, d'interpréter la pièce de résistance de la soirée, le Concerto in F de Gershwin, n'est pas une mince affaire! Mais l'idée est venue en cours de route de trouver une formule qui pourrait englober ses trois univers: l'interprétation, l'animation et la composition. Exercice périlleux s'il en est un que de s'adresser à l'audience pour ensuite retrouver sa concentration juste avant de retourner au clavier!

«C'était une idée chatoyante que de prendre par la main le public pour l'amener à travers un voyage où, de manière succincte, je parlerais des différents compositeurs», dit-il.

Ce rôle d'animateur, qui lui est venu «comme un cadeau», mais qu'il joue depuis 28 ans en donnant bénévolement des conférences dans des écoles, complète ce qu'il a toujours voulu faire: transmettre l'amour de la musique.

«Je veux convaincre les gens que c'est possible de ne pas être un connaisseur ni un amateur au départ et de pouvoir tranquillement apprécier le monde de la musique classique», dit-il.

Un apostolat qui lui réussit d'ailleurs fort bien, puisqu'il a remporté cette année le prix Personnalité internationale de l'année - Radio de l'Association for International Broadcasting, décerné par un jury d'une trentaine de personnalités de l'industrie des médias.

«Ce prix était très surprenant parce que j'ai appris ce métier sur le tas, en écoutant à la radio les Joël Le Bigot, René Homier-Roy et autres, qui ont été mes maîtres, dit-il. C'est émouvant de constater que le jury a été convaincu par ma manière de faire les choses, mais je le prends quand même avec un grain de sel.»

Compositeur

On pourra aussi entendre dans la troisième partie du concert cinq oeuvres pour piano d'Alain Lefèvre présentées pour la première fois au Canada en version symphonique, dans une orchestration d'un musicien de Sept-Îles, Richard Savignac.

«C'est un jeune qui a un talent fou et, comme je n'ai pas le temps de concevoir l'orchestration moi-même, je suis content de lui donner une occasion de se faire connaître», dit le pianiste.

Parmi ces compositions, Cool Cole et Philip Black Blue sont un clin d'oeil au jazz, dont l'influence sera d'ailleurs présente dans la plupart des oeuvres de la soirée, chez Gershwin, Chostakovitch ou Bernstein. Deux fameux jazzmen québécois, Michel Donato et Paul Brochu, seront de la partie. L'OSM sera dirigé par Nathan Brock.

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Alain Lefèvre et l'OSM, jeudi 27 janvier 2011, 20 h, salle Wilfrid-Pelletier.