Ancien élève de McGill maintenant fixé à Vancouver, le pianiste Robert Silverman revient occasionnellement à son alma mater comme professeur invité ou, comme c'était le cas hier soir, pour s'y produire en récital. Cette fois, l'événement marquait le 50e anniversaire de ses débuts professionnels, en janvier 1961, ici même, sa ville natale. Sa présence avait d'ailleurs attiré une salle comble, soit 200 personnes.

M. Silverman avait choisi quatre oeuvres portant toutes le même numéro d'opus: 22. Le programme n'expliquait pas ce choix de 22 mais offrait une sorte de code, «4 x 22 = 88». On aura lu: 4 pour quatre oeuvres, 88 pour le nombre de touches du clavier normal du piano. J'ai une autre explication: 50 + 22 = 72, soit 50 pour 50e anniversaire et 72 pour l'âge du pianiste.

Quoi qu'il en soit, 22 fut un nombre chanceux pour M. SiIverman car ces quatre «opus 22» ne groupent que de la bonne ou très bonne musique.

L'homme se présente en simple complet de ville et joue sans ostentation (vice fort répandu de nos jours!). Entièrement concentré sur son clavier, on dirait un businessman assis à son pupitre. M. Silverman est venu faire de la musique, rien d'autre, et il nous offre un travail soigné. Il possède encore la vélocité et la puissance requises pour traverser sans problèmes ce programme très exigeant au plan technique. Et s'il ne projette aucun éclairage nouveau sur les oeuvres programmées, il s'applique à les traduire fidèlement et avec toute l'expression dont il est capable. Le piano mis à sa disposition était dur à l'aigu, ce qui l'a sûrement indisposé.

M. Silverman donna son récital entier de mémoire, comme il convient, sauf qu'il prit son cahier pour le Prokofiev dont il joua, sans les identifier, 13 des 20 Visions fugitives. Il annonça un Liszt en rappel: Sonetto 123 del Petrarca.

_______________________________________________________________________________

ROBERT SILVERMAN, pianiste. Hier soir, Tanna-Schulich Hall de l'Université McGill.

Programme:

Sonate no 11, en si bémol majeur, op. 22 (1800) - Beethoven

Treize extraits des Visions fugitives, op. 22 (1915-17) - Prokofiev

Sonate no 2, en sol mineur, op. 22 (1833-38) - Schumann

Andante spianato et Grande Polonaise brillante, op. 22 (1830-34) - Chopin