L'Orchestre Métropolitain ouvre la nouvelle année avec un concert qu'il faut bien qualifier de terne. Le programme - entièrement français - est en cause, les interprètes aussi.

Yannick Nézet-Séguin, qui devait être à Chicago cette semaine pour ses débuts avec le grand orchestre de cette ville (débuts annulés, comme on vient de l'apprendre), avait confié ce premier concert de l'OM de 2011 à Benoît Fromanger, deuxième chef français (après Fabien Gabel) qu'il invite à l'OM cette saison.

La soliste est l'épouse de M. Fromanger, Juliette Hurel, flûte-solo de l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam dont Nézet-Séguin est aussi le titulaire.

La Symphonie op. 20 d'Ernest Chausson est la seule oeuvre substantielle du programme. Chausson y retrouve les formules et jusqu'à l'esprit de la Symphonie en ré mineur que son professeur César Franck donna un an plus tôt. Bien que l'élève n'ait pas la dimension du maître, son unique symphonie possède de la grandeur et exige un chef convaincu et un orchestre raffiné. Nous avons ici un chef appliqué et un orchestre au jeu laborieux, avec des cuivres sans noblesse, qui cherchent pendant 35 minutes à tirer quelque chose de la partition.

Le concert débute par la première Suite tirée de la musique de scène composée par Bizet pour le drame L'Arlésienne qu'Alphonse Daudet tira de ses Lettres de mon moulin. Chef et orchestre s'entendent pour nous donner un Adagietto étonnant de tendresse. Rien à signaler concernant les trois autres morceaux. Pire: le comédien français Philippe Nahon lit le texte de Daudet dans une diction si relâchée et une amplification si mauvaise qu'on se demande ce que ces interventions viennent faire là.

Le Concerto pour flûte de Jacques Ibert comprend deux mouvements rapides sautillants et un mouvement central plus rêveur. Cette musique superficielle et ennuyeuse peut passer la rampe lorsqu'elle est entre des mains très inspirées. Mme Hurel a le mérite d'avoir mémorisé ces 22 minutes, mais son jeu reste celui d'une bonne technicienne, rien de plus.

S'adressant à la foule de plus de 2000 personnes, M. Fromanger s'est senti obligé de traduire en anglais tout ce qu'il venait de dire en français, au mécontentement évident des auditeurs. Il y eut un premier rappel: la Badinerie de la deuxième Suite pour orchestre de Bach, où le chef, lui-même flûtiste, soufflait dans la flûte dont sa femme actionnait les clés.

Également non identifié, le second rappel était Syrinx, pour flûte seule, de Debussy. Le chef serra ensuite la main d'une partie des musiciens puis engagea l'orchestre dans un troisième rappel, tiré de L'Arlésienne jouée en début de concert.

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ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef invité: Benoît Fromanger. Juliette Hurel, flûtiste, Philippe Nahon, narrateur. Hier soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Reprises: demain (mer. 12 jan.), 19 h 30, Église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (Verdun), et vendredi, 20 h, Collège Maisonneuve.

Programme:

Suite no 1 de L'Arlésienne (1872) - Bizet

Concerto pour flûte et orchestre (1934) - Ibert

Symphonie en si bémol majeur, op. 20 (1891) - Chausson