La jeune mezzo-soprano espagnole Clara Mouriz, qui remplaçait la soprano suédoise Malin Christensson hier soir à la Société musicale André-Turp, est une toute petite personne plutôt tranquille, cheveux châtains, robe blanche très simple, bref rien de la bouillante Carmen aux yeux de feu que l'on attendait.

Bien sûr, son programme faisait une bonne place aux compositeurs espagnols. On y retrouvait le fameux recueil des Siete Canciones de Manuel de Falla mais aussi les plus rares mélodies «noires» de Xavier Montsalvatge. La chanteuse avait aussi puisé à ce répertoire ses deux rappels, signés Ernesto Halffter et Fernando Obradors. Elle ouvrit son récital avec la longue cantate italienne Arianna a Naxos de Haydn, faite de récitatifs et d'airs - le même sujet qui inspira Richard Strauss -, et le poursuivit avec des pages françaises : le triptyque Shéhérazade de Ravel et deux petits folklores harmonisés par Britten.

La voix de Clara Mouriz est limitée en volume mais d'une belle couleur, particulièrement au grave, et elle est conduite avec subtilité et raffinement. On peut oublier quelques très légers écarts de justesse. Mais on ne peut pas encore parler d'une grande interprète.

La nouvelle venue a peu de personnalité. S'adresser au public avec le sourire, ce n'est pas cela, la personnalité. Il y a des choses à revoir aussi au strict plan musical. Ainsi, dans le Haydn, la chanteuse changeait parfois des notes. J'avais la partition devant moi. Elle aurait dû la prendre aussi. Mais elle traduisit assez bien le désarroi d'Ariane abandonnée. De même, elle retrouva l'esprit des deux recueils de son pays, et avec l'accent qui convient. Le Ravel était bien maniéré et dans un français à peu près incompréhensible. Heureusement, Turp fournit toujours les textes, avec traductions. J'allais oublier le pianiste : excellent.

CLARA MOURIZ, mezzo-soprano. Au piano: Simon Lepper. Hier soir, Conservatoire de musique. Présentation: Société musicale André-Turp. Programme: Cantate Arianna a Naxos, Hob. XXVIb:2 (1789) - Haydn Siete Canciones populares españolas (1914-15) - Falla Shéhérazade (1915) - Ravel Fileuse; Il est quelqu'un sur terre - Harmonisation: Britten Cinco Canciones negras(1945) - Montsalvatge