Un concert comme celui-là nous fait nous demander où s'en va la musique contemporaine. C'était le premier concert que dirigeait chez lui le jeune chef Jean-Michaël Lavoie, 28 ans, depuis l'obtention de postes majeurs auprès de Pierre Boulez à l'Ensemble Intercontemporain de Paris et au Festival de Lucerne, puis auprès de Gustavo Dudamel au Los Angeles Philharmonic.

Or, il n'y avait guère plus de 100 personnes hier soir à Pollack pour l'entendre diriger l'Ensemble de musique contemporaine de McGill.

Premier constat révélateur: le public qu'on voit habituellement aux concerts de musique contemporaine brillait par son absence, malgré le nom du nouveau venu et celui de Boulez.

Deuxième constat, guère plus encourageant: ce qu'on a entendu là était, ou bien d'un hermétisme accablant, ou bien facile et pareil à ce qui revient à longueur de saison à la SMCQ et au NEM.

Au premier genre appartiennent, on l'a deviné, les deux pièces de Boulez. Dérive I, pour six musiciens, est un hors-d'oeuvre de six minutes qui nous prépare au gros morceau, Domaines, qui rassemble 21 musiciens, plus un clarinettiste, totalise 39 minutes et, bien que datant de plus de 40 ans, a de quoi décourager les plus grands mordus de contemporain.

Les musiciens sont répartis en six petits groupes. Le chef dirige successivement chaque groupe, transportant patiemment sa large partition d'un groupe à un autre, pendant que le reste des musiciens attendent. Clarinette et partition en mains, le soliste va lui aussi jouer d'un groupe à un autre ou bien joue tout simplement seul. Le tout se ramène à une interminable répétition de traits secs dont émerge ici et là un gros effet de Flatterzunge à la clarinette.

L'après-entracte se révèle à la fois moins abstrait et plus ordinaire. Streets, de Bruno Mantovani, décrit la confusion bruyante et totale des rues de New York. Naïf comme inspiration et, là encore, beaucoup de redites et de percussions. Mais on n'en a que pour 14 minutes. Même chose, 14 minutes, pour Fantaisie mécanique de la Coréenne Unsuk Chin. Nagano nous a déjà apporté la musique de cette dame. Sa nouvelle offrande, du même genre déjà-entendu, réunit six musiciens dont deux courent parmi six pupitres de percussions.

_____________________________________________________________________________

ENSEMBLE DE MUSIQUE CONTEMPORAINE DE McGILL. Chef invité: Jean-Michaël Lavoie. Soliste: Simon Aldrich, clarinettiste. Hier soir, Pollack Hall de l'Université McGill.

Programme:

Dérive I (1984) - Pierre Boulez

Domaines
, avec clarinette (1961-68) - Pierre Boulez

Streets
(2005) - Bruno Mantovani

Fantaisie mécanique
(1994-97) - Unsuk Chin