Le Trio Hochelaga lançait sa saison hier soir avec quelques semaines de retard. Pour des raisons inconnues, son premier concert, annoncé pour le 8 octobre, fut annulé. Pour des raisons tout aussi inconnues, le Beethoven qui devait ouvrir le concert d'hier soir fut remplacé par un autre. De l'hallucinant Trio des Esprits op. 70 no 1, de 1808, on retournait 15 ans en arrière vers l'un des modestes trios de jeunesse de l'opus 1.

De l'exécution plutôt routinière, assortie de quelques sons aigres au violon d'Anne Robert, on conclut que ce choix servait avant tout de mise en place pour les deux heures à venir.

«Hommage à Jacques Hétu», annonçait le programme. On allait en effet entendre une adaptation pour trio seul du Concerto pour trio et orchestre que le compositeur décédé le 9 février dernier avait écrit pour le Trio Hochelaga.

Anne Robert, fondatrice du Hochelaga et seule «survivante» de la formation originale, déclara ex cathedra que Hétu avait composé son Concerto en 2003 et que la création en avait eu lieu en 2004.

Or, c'est en 2002 que Hétu composa son Concerto. Le Trio Hochelaga le créa l'année suivante, plus exactement le samedi 26 juillet 2003, au dernier concert du 26e Festival de Lanaudière, avec l'OSM dirigé par Jacques Lacombe.

Faut-il encore préciser qu'à ce moment-là, le Trio Hochelaga comprenait, outre Mme Robert, Benoit Loiselle au violoncelle et Richard Raymond au piano. Depuis, l'ensemble a donc été modifié aux deux tiers.

Le programme remis à la porte ne comportait aucune note sur les oeuvres. D'interminables biographies des artistes, mais pas un mot sur les oeuvres. Passe encore pour le Beethoven et le Brahms, mais il eût été essentiel d'y lire quelques lignes sur l'adaptation du Hétu, sur la façon dont la partie d'orchestre a été incorporée au seul trio. Car il s'agit, au départ, de la même oeuvre, qui totalisait 24 minutes à Lanaudière et 25 hier soir...

En passant, qui est Frédéric Lacroix, l'auteur de cette adaptation? Anne Robert a signalé la présence dans la salle de Jeanne Desaulniers, l'épouse de Jacques Hétu. Mais de Frédéric Lacroix, pas un mot.

De toute façon, le travail entendu hier soir laisse peu d'impression. D'accord, le sens de la structure, l'une des plus fortes qualités de Hétu, est ici intact. Par contre, dans le Concerto, les échanges entre trio et orchestre créaient un relief qu'on ne retrouve pas dans ce continuel bavardage à trois.

En fin de compte, le meilleur moment du concert fut l'op. 26 de Brahms où, là encore, il y a pourtant bien du bavardage. On remercie d'ailleurs le Hochelaga d'avoir omis la très longue reprise de plus de 100 mesures au premier mouvement. Une habituée du Hochelaga, Teng Li, alto-solo au Toronto Symphony (qui joue à Montréal demain après-midi), se joignait au trio pour cette intense traduction du deuxième des trois Quatuors piano-cordes de Brahms. Cette fois, la violoniste traversa la partition sans problèmes, produisant un son aussi impeccable que celui de l'altiste. Le pianiste menait le jeu avec vigueur. Le violoncelliste est plus faible, mais, au moins, il joue juste.

___________________________________________________________________________

TRIO HOCHELAGA - Stéphane Lemelin (piano), Anne Robert (violon) et Paul Marleyn (violoncelle). Avec Teng Li, altiste. Hier soir, Conservatoire de musique.

Programme:

Trio pour piano, violon et violoncelle no 3, en do mineur, op. 1 no 3 (1794) - Beethoven

Concerto pour violon, violoncelle, piano et orchestre, op. 69 (2002) - Hétu, adaptation pour trio: Frédéric Lacroix

Quatuor no 2, en la majeur, pour piano, violon, alto et violoncelle, op. 26 (1861) - Brahms