Le dernier passage ici du Toronto Symphony remonte à avril 2007, il y a donc trois ans et demi. J'avais tout oublié de ce concert. Je conserve pourtant un souvenir très vif d'événements qui se sont passés il y a 20 ou 30 ans.

Quelqu'un m'ayant remis hier une copie de ma critique d'alors, je pourrais reprendre presque mot à mot le passage concernant l'orchestre lui-même: cordes nombreuses, unifiées, mais peu chaleureuses (c'est encore vrai), bois indifférents (idem... hélas!), cuivres criards ou fautifs (petite différence cette fois: hier, en tout cas, les cuivres sonnaient mieux et ne se sont pas trompés).

Et maintenant, que penser du chef Peter Oundjian? Il faut dire que la comparaison part de très loin, sa Deuxième de Sibelius de 2007 ayant été pure catastrophe. Hier, l'ex-violoniste torontois de 55 ans donna avec l'ouverture de Glinka un énergique coup d'envoi au concert (il avait choisi ce même Glinka comme rappel en 2007!) et répondit à l'ovation de la salle comble d'hier avec une enlevante Danse slave de Dvorak.

Le Glinka et le Dvorak: ce furent là les deux meilleurs moments du concert. Avec un troisième: homme civilisé, M. Oundjian s'adressa au public d'abord en français, ensuite en anglais, puis invita au micro le Québécois Marc-André Savoie, assistant-violon-solo du TSO, à résumer le scénario du Taras Bulba de Janacek.

M. Oundjian dirige l'orchestre torontois depuis sept ans et en connaît bien toutes les composantes. Mais il reste limité comme interprète. L'essentiel de son programme puisait, on ne sait trop pourquoi, au répertoire tchèque: Vltava de Smetana - cette pièce qu'on appelle à tort «La Moldau» - et Taras Bulba déjà nommé.

Nous disposons d'une très riche discographie où les plus grands chefs et orchestres tchèques redonnent à ces deux oeuvres leurs pleines dimensions quant à la couleur et au mouvement. En comparaison, ce qu'on a entendu hier était correct et terne.

On peut dire la même chose du Chopin de M. Haefliger qui précédait l'entracte.

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TORONTO SYMPHONY ORCHESTRA. Chef d'orchestre : Peter Oundjian. Soliste : Andreas Haefliger, pianiste. Hier après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Présentation: OSM, série «Dimanches en musique».

Programme:

Ouverture de l'opéra Rousslan i Liudmilla (1842) - Glinka

Concerto pour piano et orchestre no 2, en fa mineur, op. 21 (1829) - Chopin

Vltava, poème symphonique (1874-75), ext. de Ma Vlast - Smetana

Taras Bulba, rhapsodie pour orchestre (1915-18) - Janacek