La production de Hänsel und Gretel qui vient de prendre l'affiche de l'Atelier d'opéra de McGill est au moins la troisième en 55 ans d'existence de l'organisme, mais la première où un nombre considérable d'enfants participent à la réalisation.

Idée très valable du metteur en scène Patrick Hansen, le spectacle est continuellement accompagné de projections, sur grand écran, de dessins représentant les éléments essentiels de l'histoire (la maison en pain d'épice, la forêt, la sorcière) et réalisés par quelque 250 écoliers de Montréal à qui on avait joué des extraits du charmant opéra de Humperdinck.

Quasi surréalistes dans les lignes et les couleurs, ces dessins révèlent chez leurs très jeunes auteurs une éblouissante imagination. Ils sont d'ailleurs exposés dans le foyer Est de Pollack Hall pendant la durée des représentations. Les projections sur scène qu'en a réalisées Vincent Lefèvre habillent bien le spectacle, donné avec comme seuls décors une table, deux chaises, quelques branches et, dans un coin, une sorte de grosse boîte suggérant la cabane de la sorcière ou tout au moins le four où les deux enfants vont la pousser.

Le petit opéra de près de deux heures est chanté dans l'allemand original et des surtitres français et anglais sont projetés au-dessus de la scène. Il y a trois représentations mais pas tout à fait trois distributions: l'interprète de Gretel change chaque soir mais la sorcière est la même les trois soirs.

Le même, en fait, puisque le rôle est interprété par un baryton, Garry McLinn. Ce garçon vole la vedette à tous par son immense talent comique. Davantage même: son personnage accoutré de noir a créé tout un émoi hier soir, faisant irruption dans la salle au moment le plus inattendu en hurlant et en gesticulant. Prendre note, si on est cardiaque et si on est assis dans l'allée des chaises, au centre : la sorcière passe de ce côté-là à 21 h 10.

Cette envahissante présence ne doit pas faire oublier les autres interprètes. Si la sorcière est chantée par un homme, le jeune Hänsel est, comme toujours, chanté par une jeune voix de femme, préférablement une mezzo. Celle d'hier soir, Arminé Kassabian, projette une bonne voix et joue avec naturel. Même qualité de jeu chez Jana Miller, en Gretel, mais la voix est un peu stridente. Cairan Ryan et Nola Shantz, en papa et maman, ont bien chanté et joué, les autres aussi.

Une bonne note pour les costumes, perruques et maquillages de Ginette Grenier et les éclairages de Serge Filiatrault. Les voix parlées d'enfants, au tout début, manquent de clarté. Le spectacle est donné avec piano. Cheryl Emery, la pianiste en fonction hier soir, a apporté aux chanteurs un accompagnement solide et a souligné la richesse harmonique de l'écriture de Humperdinck, qui reste ce qu'elle est, même dans les limites du piano.

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HÄNSEL UND GRETEL, opéra en trois actes, livret de Adelheid Wette d'après un conte des frères Grimm, musique de Engelbert Humperdinck (1893). Production: Atelier d'opéra de l'Université McGill. Mise en scène: Patrick Hansen. Première hier soir, Pollack Hall de McGill. Reprises ce soir et demain soir, 19 h 30.