Le Fauré Quartett, d'Allemagne, créé en 1995 pour défendre le mince répertoire de quatuor piano-violon-alto-violoncelle, revenait au LMMC hier, deux ans presque jour pour jour après y avoir fait ses débuts.

Le 26 octobre 2008, les musiciens avaient joué l'op. 15 du compositeur français dont ils ont étrangement adopté le nom, l'op. 60 de Brahms, chef-d'oeuvre de ce répertoire, et le rare Mahler de jeunesse. Leur programme d'hier était beaucoup moins intéressant.

Avant que les visiteurs n'apparaissent en simple tenue de maison, la présidente est venue au micro nous prévenir que leurs bagages avaient été perdus. Le concert de Montréal s'inscrivait entre Dallas et Washington.

Explication plus importante encore, mais qui n'est pas venue: la pièce nouvelle, de Volker David Kirchner, était mal identifiée sur le feuillet remis à la porte. Elle compte deux mouvements et non trois. Le premier est sans titre. Le second est marqué «Adagissimo da lontano». Or, l'auditeur qui cherche à écouter intelligemment ne s'y retrouvait plus puisque le feuillet du LMMC indiquait «Tempestuoso»!

Le titre évoque la nymphe Écho et son attirance pour le beau Narcisse épris de sa propre image reflétée dans l'eau. La pièce de M. Kirchner, qui dure 10 minutes, est une succession de petits effets sonores autour d'un thème qui rappelle singulièrement le huitième Quatuor de Chostakovitch.

Les musiciens allemands ont apporté à la pièce nouvelle un soin infini que le sujet ne méritait cependant pas. On pourrait presque en dire autant de leur lecture du Mendelssohn. Ces musiciens sont tous des techniciens de première force, leur coordination est prodigieuse, la musique circule parmi les quatre instruments avec une facilité déconcertante. On regrette simplement que Mendelssohn, pourtant musicien très doué, ait si peu à dire comme compositeur.

Encore des annonces au micro: il y a des autos dans le chemin en face de la salle, il faut fermer vos téléphones cellulaires, etc.

Et l'on poursuit avec le Quatuor de Schumann, qui vaut davantage que le Mendelssohn, notamment par son mouvement lent. Le violoncelliste y a la vedette; il doit même abaisser l'accord de son instrument, pour l'obtention d'un effet. Cette fois, talent et effort étaient pleinement justifiés.

Mais une autre déception nous attendait avant la sortie. Croyant sans doute nous faire plaisir, les visiteurs avaient choisi comme rappel une pièce d'une chanteuse canadienne «pop». J'ai dû aller chercher le nom à l'arrière-scène: Leslie Feist. Tellement sans intérêt, la chose, que j'ai oublié d'en demander le titre.

______________________________________________________________________________

FAURÉ QUARTETT - Dirk Mommertz (piano), Erika Geldsetzer (violon), Sascha Frömbling (alto) et Konstantin Heidrich (violoncelle). Hier après-midi, Pollack Hall de l'Université McGill. Présentation: Ladies' Morning Musical Club. Programme: Echo und Narziss, Poème für Klavierquartett (2005) - Kirchner Quatuor no 2, en fa mineur, op. 2 (1823) - Mendelssohn Quatuor en mi bémol majeur, op. 47 (1842-43) - Schumann