Wonny Song était hier soir l'artiste invité du concert-bénéfice annuel de la Fondation Vincent-d'Indy. Créée il y a 25 ans, la Fondation assure un soutien financier à l'école de musique qui porte le nom de ce disciple de César Franck.

Quelques mots d'histoire s'imposent ici. Vincent d'Indy mourut en 1931. L'année suivante, Soeur Marie-Stéphane, pédagogue, musicienne et religieuse de la communauté des Saints Noms de Jésus et de Marie, fondait à Outremont une école supérieure de musique et lui donnait le nom de Vincent d'Indy. L'imposant couvent de la Côte-Sainte-Catherine a perpétué le nom de sa fondatrice en donnant le nom de Marie-Stéphane à la salle de concert de 250 places (en fait une ancienne chapelle) où avait lieu le récital.

La salle vient d'être rénovée et une légère odeur de peinture y flotte encore. Le frêle pianiste montréalais d'origine coréenne en fut certainement indisposé, tout comme les auditeurs. D'autres problèmes affectaient l'événement: le piano un peu dur et la réverbération du lieu.

Wonny Song se produisait donc dans des conditions assez difficiles et, en conséquence, n'a pas donné le meilleur de lui-même. Il a fait bien des fausses notes, a ignoré la reprise dans la Waldstein de Beethoven, a parfois frappé l'aigu du piano avec une force démesurée et, malgré l'insistance d'un auditoire debout, s'est retiré sans donner de rappel.

Dans l'ensemble, la prestation de Wonny Song reste quand même plus que respectacle car nous sommes - comme nous l'avons toujours été -  devant un virtuose de taille et un musicien dans l'âme. Ainsi, il a abordé le mouvement lent de la Waldstein comme un grand suspense menant au Rondo final, ce qui est tout à fait juste, il a traversé sans problème L'Isle joyeuse de Debussy, qui est d'une difficulté épouvantable, et son groupe Chopin nous a valu de réels moments de poésie.

Wonny Song, pianiste. Hier soir, Salle Marie-Stéphane de l'École de musique Vincent-d'Indy.