La Chapelle historique du Bon-Pasteur ouvrait sa saison musicale hier soir par un récital Chopin de Cristina Altamura, jeune pianiste américaine d'origine italienne à peu près inconnue.

On peut comprendre qu'un concert de musique d'avant-garde n'ait attiré que 20 personnes, il y a un mois, au Conservatoire. On comprend moins que Chopin n'ait fait, lui aussi, que 20 personnes hier soir.

Il y avait lieu de plaindre la jeune visiteuse qui se retrouvait devant une salle presque vide. À qui la faute? La direction de la Chapelle décline toute responsabilité: elle louait la salle, tout simplement.

Ignorant ces pénibles conditions, Cristina Altamura fournit la prestation d'une technicienne solide et d'une interprète sincère. Elle joue avec une puissance qui étonne chez une si frêle personne; de plus, elle fait toujours bien ressortir ce qui se passe en même temps aux deux mains, accordant à la gauche la même importance qu'à la droite.

On l'écouta d'abord dans sept des 12 Études op. 10. Ces pages sont presque toutes d'une monstrueuse difficulté, mais elle traversa le groupe sans problème, laissant même un certain lyrisme s'installer ici et là. Quelques petites erreurs sont sans importance.

Situation plus grave dans la quatrième Ballade, qu'elle «recomposa» à la suite de deux trous de mémoire. Elle fut plus heureuse dans deux Mazurkas (dont elle intervertit l'ordre annoncé), la Fantaisie-Impromptu et le premier Scherzo (assorti d'une note perdue à la toute fin).

Puis elle disparut pour de longues minutes. Des applaudissements la ramenèrent en scène. Elle s'excusa d'avoir omis le premier Impromptu, annoncé sur le feuillet, et le joua, bien sûr, en guise de rappel.

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CRISTINA ALTAMURA, pianiste. Programme Chopin. Hier soir, Chapelle historique du Bon-Pasteur.