Lancée en 1991, la série «The Romantic Piano Concerto» de Hyperion en est à son volume 50 et, pour l'occasion, la marque britannique a groupé en un coffret de deux compacts les oeuvres pour piano et orchestre de Tchaïkovsky, soit les trois Concertos et la Fantaisie de concert op. 56.

L'intégrale réunit le pianiste britannique Stephen Hough et le Minnesota Orchestra dirigé par son chef, le Finlandais Osmo Vänskä. C'est la première fois depuis le lancement de sa série que Hyperion fait appel à un orchestre d'Amérique. Mais Hough y figure généreusement, notamment avec une intégrale Saint-Saëns de très haut niveau. Au présent coffret est d'ailleurs jointe une brochure contenant la liste illustrée de tous les volumes précédemment parus.

Sans doute pour des raisons budgétaires, les Tchaïkovsky ont été enregistrés en concert. Aucun bruit de salle ne trouble l'audition, mais chaque concerto est suivi d'une ovation extrêmement enthousiaste - et pleinement justifiée car il s'agit là d'exécutions absolument phénoménales.

L'oeuvre la plus connue est évidemment le premier Concerto (si bémol mineur, op. 23) et l'attente est considérable. Réussira-t-on à faire dire quelque chose de neuf à cette musique entendue à satiété? Tout à fait, et ce dès le premier mouvement, pris un peu plus allant que d'habitude. La puissance, la clarté et l'expression du soliste et le commentaire détaillé du chef renouvellent ici l'écoute du concerto le plus spectaculaire et le plus attachant du répertoire tout entier.

Le même engagement collectif accompagne les autres oeuvres. Le troisième Concerto, peu joué et en un seul mouvement (mi bémol majeur, op. 75), contient une cadence d'une longueur et d'une difficulté exceptionnelles.

La Fantaisie de concert sera pour beaucoup une découverte. Totalisant près d'une demi-heure, elle est en deux mouvements: le premier contient un très long solo de neuf minutes du piano, le second s'intitule Contrastes et porte bien son nom, avec ses épisodes tour à tour larmoyants et dansants (avec tambourine!).

Le deuxième Concerto (sol majeur, op. 44), le plus long des trois (et effectivement jugé trop long), est habituellement donné dans une version où le mouvement lent, qui comporte d'importants solos de violon et de violoncelle, est amputé de plusieurs pages. Ces coupures furent effectuées par Alexandre Siloti, élève de Tchaïkovsky, et avec l'accord de celui-ci, semble-t-il. Le mouvement lent fait 332 mesures dans la version originale et 141 dans la version Siloti.

Hough choisit, bien sûr, la version originale, mais il ajoute, en appendice et à titre documentaire, la version Siloti, qui fait sept minutes au lieu de 13. Prétextant un «déséquilibre» entre les trois solistes, il ajoute sa propre «édition» du mouvement lent - initiative bien futile puisqu'il se contente de transférer au piano un bref dialogue du violon et du violoncelle, soit 29 mesures correspondant à une minute de musique... sur un total de 332 mesures et 14 minutes. (Pour vérification: mesures 247 à 275 de la partition; plage 6, de 9'31 à 10'41, sur l'indicateur.)

Mais ce détail ne diminue en rien le très vif intérêt de la présente réalisation, que Hough assortit de deux «bis», soit ses propres transcriptions de mélodies de Tchaïkovsky.

Tchaïkovsky: Concertos Pour Piano. Stephen Hough, Pianiste, Minnesota Orchestra, Dir. Osmo Vänskä. Hyperion, Coff. 2 D., Cda67711/2.*****