Pierre Grandmaison faisait coïncider avec le congrès des facteurs d'orgues l'un des récitals qu'il donne cet été à «son» Casavant de la Basilique Notre-Dame.

En raison d'activités organisées en début de soirée hier, jour d'ouverture, pour les 232 congressistes représentant 14 pays, le récital eut lieu à 16 h au lieu de 19 h (l'heure habituelle); la durée en fut portée de 60 à 75 minutes, sans entracte.

Titulaire à la Basilique depuis 1973, Pierre Grandmaison connaît forcément, et mieux que quiconque, les ressources illimitées de cet orgue qu'il fréquente quotidiennement. Son programme illustrait d'ailleurs, et fort éloquemment, les différentes «personnalités» qu'il est possible de donner à l'instrument.

En début de récital, la sobre utilisation de ces ressources conféra une sorte d'intimité à la sixième et dernière Sonate de Mendelssohn, constituée de variations sur le choral Vater unser im Himmelreich (le fameux Notre Père de notre enfance).

Un rien d'hésitation, au tout début du Mendelssohn, disparut très vite. Le récital découvrit M. Grandmaison en grande forme et manifestement revenu à la santé. Dans le sanctuaire, un grand écran permettait aux quelque 300 auditeurs de suivre le jeu de l'organiste là-haut.

Le Livre d'orgue de Pierre Du Mage, contemporain de Bach, est, avec ses huit pièces fort complexes, l'une des grandes créations de l'orgue classique français. Le Casavant de Notre-Dame peut effectivement sonner comme un tel instrument. Grandmaison l'a démontré, en puisant abondamment aux anches de ses différents claviers et en y opérant de savants mélanges.

Dans cinq préludes de choral de Bach tirés de l'Orgelbüchlein, l'organiste réunit ensuite un bel ensemble de registrations où, à la fois, il évoquait les instruments allemands et créait le contraste approprié entre un choral triste et un choral joyeux.

Le Messiaen annoncé fut remplacé par un autre: Desseins éternels, troisième des neuf pièces de La Nativité du Seigneur. Statique et d'un effet facile, ce qui est monnaie courante chez ce compositeur, la pièce fit briller ces alliages cuivreux associés à l'orgue moderne et qu'on peut créer à la Basilique.

Mais le Casavant du lieu est d'abord un orgue symphonique et son titulaire l'a présenté comme tel, en conclusion, dans l'éclatant sixième et dernier mouvement de la septième Symphonie de Widor.

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PIERRE GRANDMAISON, organiste. Hier après-midi, Basilique Notre-Dame (orgue à traction électropneumatique Casavant (1890-1991); 92 jeux, quatre claviers manuels et pédale).