Jean-François Rivest a voulu marquer d'une initiative importante sa première saison comme directeur artistique du Centre d'arts Orford. Cette initiative, c'est la création d'un orchestre au sein de l'école estivale de cet organisme. Rien de plus normal: Rivest est un homme d'orchestre, d'abord violoniste puis chef en résidence à l'OSM et présentement titulaire de l'Orchestre de l'Université de Montréal, qu'il a fondé.

Sa nouvelle création, l'Orchestre de l'Académie Orford, réunit 75 étudiants de cinq pays: Canada, États-Unis, Japon, Corée et Mexique. L'OAO - ou plus exactement OAO!, avec un point d'exclamation - donne trois concerts cet été à Orford, en fait à l'église Saint-Patrice de Magog, non loin du Centre d'arts, dont la salle Gilles-Lefebvre de 500 places est trop petite pour l'orchestre et pour l'auditoire qu'il espère attirer.

C'était en effet «salle comble», c'est-à-dire qu'il y avait au moins 900 personnes, hier soir, à Saint-Patrice. Un magnifique succès d'assistance, surtout que le public était sollicité par deux manifestations populaires en plein air et dont on a entendu successivement les bruits pendant le concert.

Rivest a dirigé le premier concert de l'OAO dimanche dernier et il dirigera le concert final le 15 août. Hier soir, il invitait au pupitre son ancien patron à l'OSM, Kent Nagano. Ce concert fait partie d'une «Semaine Kent Nagano et l'OSM, du 31 juillet au 8 août» (sic) dont l'affiche se ramène à de la fausse représentation.

Ladite «Semaine» comprend 11 concerts où figurent des pianistes, une chanteuse, de la musique de chambre, etc. Nagano ne dirige que trois de ces 11 concerts. Ce qui n'a pas empêché le Téléjournal de Radio-Canada (sur lequel je suis tombé par hasard mardi soir) d'annoncer que Nagano dirigeait «11 concerts» à Orford. Mieux encore, il y a deux jours de leur fameuse «Semaine» orfordienne, soit demain et samedi, où Nagano et l'OSM ne seront même pas là puisqu'ils seront au Festival de Lanaudière!

Sur le concert d'hier soir, peu à dire. Il faisait très chaud dans l'église et je plaignais les 75 jeunes qui, à l'étroit dans le sanctuaire, apprenaient leur métier à bien rude école. Je plaignais même Nagano, qui avait gardé son veston blanc, alors que le soliste, le clarinettiste Jörg Widmann, s'épongeait le front après chaque phrase.

Le Concerto pour clarinette de Mozart fut la seule réussite de la soirée: belle articulation, expression soutenue au mouvement lent. M. Widmann est moins intéressant comme compositeur. Sa pièce, avec solo d'harmonica de verre, est pure platitude. La troisième Symphonie de Schumann, cette Rhénane où il y a tant à exprimer, reçut une lecture sans pensée directrice et insuffisamment répétée. En comparaison des miracles que Rivest opère à l'OUM, ce qu'on a entendu hier soir se ramène à bien peu de chose...

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ORCHESTRE DE L'ACADÉMIE ORFORD. Chef invité: Kent Nagano. Soliste: Jörg Widmann, clarinettiste. Hier soir, Église Saint-Patrice de Magog. Dans le cadre du Festival Orford 2010.

Programme:

Armonica (2006) - Widmann

Concerto pour clarinette et orchestre en la majeur, K. 622 (1791) - Mozart

Symphonie no 3, en mi bémol majeur, op. 97 (Rhénane) (1850) - Schumann