L'Ensemble instrumental Appassionata et son chef Daniel Myssyk clôturaient leur saison hier soir au Conservatoire devant une salle presque comble, soit environ 200 personnes. Le concert était présidé par M. Bernard Landry, ancien premier ministre du Québec, homme de grande culture et président d'honneur du 10e anniversaire d'Appassionata.

Selon une formule qui lui est chère, Daniel Myssyk avait choisi un «thème» pour ce programme final. Cette fois, «Escale à Rio». On y retrouvait donc le prolifique Brésilien Heitor Villa-Lobos, en début et en fin de soirée, et de surcroît en compagnie de Bach.En effet, le concert se terminait par la neuvième et dernière pièce de la collection des Bachianas brasileiras qui puise à la fois au contrepoint de Bach et au folklore brésilien. Bach ouvrait d'ailleurs le programme avec son troisième Concerto brandebourgeois.

Ne se limitant pas à Rio, M. Myssyk faisait un saut au Mexique, chez Silvestre Revueltas, et au Venezuela, chez René Orea-Sanchez.

Ce fut un concert agréable. Ceux qui sont friands de ce qu'on appelle «couleurs et rythmes sud-américains» ont certainement aimé leur soirée plus que moi. Question de goût.

Le petit orchestre était porté de 15 à 23 musiciens pour la pièce qu'Appassionnata avait commandée à M. Orea-Sanchez, maintenant fixé à Montréal, et qu'il créait hier soir en sa présence. Les «quelques mots» promis par l'auteur occupent une page et demie du programme imprimé. Sur le même ton, je dirais que quelques minutes suffiraient ici: le temps de deux ou trois beaux effets de saxophone et dissonances d'orchestre. Le reste est d'un ennui mortel et totalise 18 minutes.

Le saxophone y est très sollicité, tout comme dans la Fantaisie de Villa-Lobos entendue précédemment. Dans les deux cas, la jeune Marie-Chantal Leclair montra autant de musicalité que de technique et d'aplomb.

Rien de particulier à dire sur les quatre minutes de Revueltas, sauf qu'elles réunissaient neuf exécutants et non huit (comme l'indique le titre), la partie de percussions étant tenue par deux musiciens, d'ailleurs excellents.

Le troisième Brandebourgeois, qui ouvrait le concert, fut livré dans une sonorité généreuse, sans souci d'ordre musicologique. Bach ayant laissé ce concerto en deux mouvements seulement, l'usage veut que le violon-solo improvise une brève transition entre les deux. Hier soir, Marie-Josée Arpin a inséré à cet endroit une très longue cadence qu'elle a d'ailleurs brillamment rendue. Une autre musicienne d'Appassionata mérite une mention: l'alto-solo Elvira Misbakhova, qui se voyait confier au moins trois interventions importantes au cours du concert.

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ENSEMBLE INSTRUMENTAL APPASSIONATA. Dir. Daniel Myssyk. Soliste : Marie-Chantal Leclair, saxophoniste. Hier soir, Conservatoire de musique.

Programme:

Concerto brandebourgeois no 3, en sol majeur, BWV 1048 (1721) - Bach

Fantaisie pour saxophone soprano et petit orchestre (1948) - Villa-Lobos

Ocho por radio (1933) - Revueltas

Psaume équinoxial, pour saxophone soprano et orchestre de chambre (2010) (création) - Orea-Sanchez

Bachianas brasileiras no 9 (1945) - Villa-Lobos