Kent Nagano et l'Orchestre Symphonique de Montréal s'engageaient hier soir dans leur gros événement de fin de saison: une intégrale des neuf Symphonies de Beethoven en cinq concerts. La salle Wilfrid-Pelletier était comble et on prévoit le même succès de public pour les prochains concerts.

Les oeuvres composant ce premier programme autorisent une réduction des effectifs. On se retrouve donc devant un deux-tiers d'OSM, ramassé au centre, avec beaucoup d'espace tout autour. On note aussi que Nagano a encore modifié la disposition de l'orchestre. Non seulement est-il revenu à la répartition des violons de part et d'autre du podium (formule qu'il avait délaissée pendant quelque temps), mais voici qu'il sépare les quatre contrebasses en deux groupes (!). L'OSM compte huit contrebasses. Hier soir, il n'en restait que quatre, soit deux de chaque côté. Cette réduction n'affectait en rien le résultat sonore; en fait, ces contrebasses, on ne les entendait tout simplement pas - à la corbeille, en tout cas - , ce qui fait conclure à une simple coquetterie du chef.

La première moitié du programme est consacrée aux «petites» Symphonies no 2 et 8. Nagano les livre sur le ton enjoué et bondissant qui convient et l'orchestre allégé lui répond vivement. On oublie quelques bavures des cors.

La célébrissime Cinquième suit l'entracte, avec son fameux motif d'entrée de quatre notes (pa-pa-pa-paaaa) et les quelques cuivres additionnels que requiert la partition. L'oeuvre contient un élément dramatique absent des deux précédentes, et que souligne Nagano, dans le contexte qu'il a choisi. Son Beethoven n'a rien de l'envoûtante pesanteur des Furtwängler et Klemperer; il se situe plutôt dans une sorte de prolongement du baroque, avec des tempi plutôt rapides, un vibrato restreint chez les cordes et des cuivres très en relief, voire stridents.

Nagano fait toutes les reprises et tourne les pages de sa partition. Très bien pour les reprises. Mais on se dit que s'il possédait vraiment ces oeuvres, il les dirigerait par coeur, comme l'avait fait Nézet-Séguin il y a quelques années.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre : Kent Nagano. Hier soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série Grands Concerts.



Programme consacré à Ludwig van Beethoven (1770-1827):

Symphonie no 2, en ré majeur, op. 36 (1802)

Symphonie no 8, en fa majeur, op. 93 (1812)

Symphonie no 5, en do mineur, op. 67 (1805-07)