Le baryton russe Dmitri Hvorostovsky et la soprano américaine Sondra Radvanovsky, qui ont chanté à quelques reprises ici même et à Lanaudière, nous revenaient pour la première fois ensemble vendredi soir, salle Wilfrid-Pelletier, accompagnés par l'Orchestre de la Francophonie (ex-«canadienne») et présentés par l'audacieux imprésario torontois Show One (à qui nous devons les récents Rotterdam et Mariinsky).

L'assistance de quelque 1 800 personnes fit aux deux vedettes une ovation à tout casser; à la fin, une partie de la foule alla se masser au bas de la scène, à leurs pieds. Ce qui donna lieu à deux rappels - un de chaque chanteur.

Déjà modifié au moins une fois, le programme comprenait 11 numéros: airs, duos et pages d'orchestre. Avant le concert, une voix au micro annonça un nouveau changement, cette fois dans l'ordre des pièces. On passait ainsi de la première pièce à la septième, puis à la deuxième, et ainsi de suite.

Jean-Philippe Tremblay, le jeune fondateur de la Francophonie, dirigeait les quatre pièces orchestrales. L'Américain Constantine Orbelian, qui a enregistré avec les deux chanteurs, accompagnait ceux-ci dans les sept pièces vocales.

Les duos d'opéra pour soprano et baryton n'étant pas légion, les deux chanteurs n'en trouvèrent que trois à nous offrir. Ce qui nous valut de retrouver, sans le souhaiter vraiment, le soporifique Simon Boccanegra de Verdi qui vient à peine de quitter l'affiche de la même salle. Du même Verdi, on entendit beaucoup mieux : la longue scène d'Un Ballo in maschera où Renato appelle devant lui son épouse Amelia jugée infidèle, scène où chacun a un air célèbre. Le concert se terminait par le duo final de Evgueny Onieguine de Tchaïkovsky où Tatiana renvoie poliment Onieguine, comme lui-même l'avait ignorée autrefois.

Hvorostovsky, allure de prince et abondante crinière argentée, et Radvanovsky, tout sourire et légèrement vulgaire, d'abord en noir puis en rouge écarlate, ont donné ce qu'on appelle un bon show. Ce qu'ils ont proposé au plan musical et dramatique était plus inégal. Les deux voix sont bonnes et projetées avec force, mais une évidente fatigue chez les deux vedettes très sollicitées ramena leurs prestations au strict minimum. Chanteurs d'opéra, il était normal qu'ils apportent à leurs airs et duos un élément scénique. De là à dire qu'il s'agit là de grands acteurs, il y a une marge.

La chanteuse donna en rappel le grand air de Tosca. Le chanteur se contenta de O sole mio. Les deux chefs furent à la hauteur, mais l'orchestre de 57 musiciens sonnait plutôt mince. Mention au beau solo de violoncelle cependant.

---

Dmitri Hvorostovsky, baryton, et Sondra Radvanovsky, soprano. Orchestre de la Francophonie. Dir. Constantine Orbelian et Jean-Philippe Tremblay. Vendredi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.