Le chef d'orchestre et compositeur français Pierre Boulez a célébré son 85e anniversaire vendredi soir à Vienne à la tête de l'Orchestre philharmonique avec un programme moderne très éloigné de la musique classique, romantique ou des valses chères au public viennois.

Symphonie de Psaumes pour choeur et orchestre et Symphonie pour instruments à vent du compositeur russo-franco-américain Igor Stravinsky (1882-1971), Jeux, poème dansé du compositeur français Claude Debussy (1862-1918) et ses propres Notations, un programme pour le moins ardu et inhabituel dans la prestigieuse salle du Musikverein.

Dans une salle archi-comble, le public viennois ne lui en a pas tenu rigueur et l'a rappelé quatre fois sur la scène, lui réservant une ovation finale.

Même pour un homme considéré comme l'une des plus grandes figures vivantes de la musique, l'idée de fêter son anniversaire dans la ville où Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart, Ludwig van Beethoven, Franz Schubert, Johannes Brahms, Arnold Schönberg, Alban Berg ou Anton von Webern ont vécu est «très intimidante», avait reconnu Pierre Boulez avant le concert dans une interview à l'AFP.

Pour son anniversaire, le chef d'orchestre français dirige dans la capitale autrichienne au total six concerts, avec soit le même programme, soit la 3e symphonie du compositeur polonais Karol Szymanowski (1882-1937) et la Messe glagolitique du Tchèque Leos Janacek (1854-1928).

Pierre Boulez a dirigé la phalange viennoise pour la première fois en 1962 et, au total, aura tenu la baguette 79 fois avec le Philharmonique, dont il est membre d'honneur depuis 2005.

Aussi étonnante qu'elle puisse paraître, la symbiose entre l'implacable analyste, l'exégète de la partition et l'un des plus prestigieux orchestres au monde, tout imprégné d'une histoire musicale des plus classiques, est pourtant totale, comme l'a une nouvelle fois démontré l'interprétation des Notations I-VII-IV-III-II, dans cet ordre, une transcription pour orchestre des Douze Notations pour piano, jouées pour la première fois en 1945 à Paris par la pianiste française Yvette Grimaud. La première exécution de la transcription orchestrale, dont la composition a commencé en 1980 et qui reste à finir, avait eu lieu la même année à Paris avec l'Orchestre de Paris sous la direction du chef d'orchestre argentino-israélien Daniel Barenboim.

L'an prochain, Pierre Boulez, dont la lecture du cycle du Ring des Nibelungen de Richard Wagner, monté au Festival de Bayreuth en 1976 avec le metteur en scène français Patrice Chéreau, est légendaire, a l'intention de renoncer à la direction d'orchestre et de se concentrer sur la composition, notamment l'achèvement des Notations.