Trois oeuvres formaient le quatrième programme de MusiMars jeudi soir, mais une seule est à retenir et à réentendre: le Concerto pour percussions et orchestre de l'Américain Joseph Schwantner.

La scène de Pollack est remplie à sa capacité par les 80 jeunes de l'Orchestre symphonique de McGill, dont quatre percussionnistes, debout, au fond. Un cinquième s'y ajoute bientôt. C'est le grand soliste: Ben Duinker, natif de Halifax. Au premier mouvement, on le perd un peu dans la rapide chorégraphie des cinq batteurs et le tintamarre orchestral, mais il s'en détache graduellement.

Le deuxième mouvement est une sorte de douce élégie à la Bartok, mais le début du troisième et dernier mouvement rappelle trop celui des Planets de Holst. Quand même, la partition entière, qui fait 30 minutes, est riche au plan des couleurs et du rythme et comporte un rôle fort original pour le soliste, qui se multiplie sur de nombreux instruments (vibraphone, marimba, grosse caisse, gong) et joue à différents endroits de la scène, parfois en circulant parmi les musiciens, jusqu'à ce qu'il retourne à sa position originale, au fond, pour une longue et spectaculaire cadence.

Le jeune Duinker se révéla d'une dextérité et d'une précision exceptionnelles et Alexis Hauser, dont ce n'est pas là le répertoire habituel, maintint une parfaite coordination entre soliste et orchestre.

Rendering, de Luciano Berio, a pour point de départ les esquisses d'une symphonie en trois mouvements que Schubert entreprit mais ne termina pas (et qui n'est pas la fameuse Inachevée, mais une autre). Berio ne cherche pas à compléter l'oeuvre. Il retient ce qui est de Schubert et brode autour, en ajoutant des éléments qui n'ont rien à voir avec lui: des dissonances, par exemple, et un célesta. Au total: un mélange de pastiche et de boutade, certes habile, mais sans grand intérêt. Chose étonnante, Hauser a dirigé cela de mémoire.

Un théâtre musical de Georges Aperghis, pour cinq chanteuses assises et une violoncelliste qui parle en jouant, totalisait une heure après l'entracte. Cet exercice de rythmique collective en onomatopées retient l'attention pendant quelques minutes, amuse même, surtout que les interprètes sont excellentes. Mais une heure des mêmes trucs, c'est abuser honteusement de la patience des spectateurs. Ceux-ci ont commencé à quitter la salle vers 22 h. Or, nous en avions encore pour une grosse demi-heure...________________________________________________________________________________________________

MUSIMARS: quatrième concert, jeudi soir, Pollack Hall de l'Université McGill. Orchestre symphonique de McGill. Chef d'orchestre: Alexis Hauser: Concerto pour percussions et orchestre (1994) - Joseph Schwantner Soliste: Ben Duinker, percussionniste. Rendering (1989) - Luciano Berio, d'après Schubert. Sextuor vocal et instrumental: L'Origine des espèces (1993) - Georges Aperghis.