Devenu une tradition un peu comme en Europe, le «Concert du Nouvel An» présenté dans 20 villes du Canada et des États-Unis avait attiré, pour ce qui concerne Montréal, un auditoire un peu moins nombreux que le précédent: 2 300 personnes au lieu de 2 500.

L'enthousiasme n'avait pas diminué pour autant: les gens d'un certain âge que ce genre de manifestation rejoint ont tout applaudi avec la même frénésie, et parfois debout: l'orchestre, les chanteurs, les danseurs. Tout ce qui était rassemblé là - le bon, le médiocre et le mauvais - reçut la même ovation unanime, bruyante et sans nuances. Mais, on le sait, cet événement attire toujours des gens qu'on ne voit jamais au concert.

 

Chaque année aussi, chef et solistes sont de parfaits inconnus. Un talent s'y manifeste parfois, mais rarement. Et certainement pas hier. Le chef, qui vient de Stockholm et s'appelle Mika Eichenholz, a présenté le programme, d'abord en quelques mots de français qu'il lisait sur un papier, ensuite dans l'anglais plus courant. Il a obtenu des exécutions énergiques, et jusqu'aux rallentandos «viennois» d'usage, de cet «Orchestre Strauss de Montréal» qui n'existe qu'une journée par année et est constitué, pour l'occasion, de quelque 70 musiciens locaux.

Le chef a négligé d'indiquer un changement de soliste. Grave omission, qui faisait passer la soprano annoncée dans le programme pour l'une des pires chanteuses de la planète. La coupable s'appelle Veronika Gesthi. J'ai dû aller moi-même à l'arrière-scène quérir ces renseignements non fournis au public. Les deux chanteuses sont de Budapest. Le ténor aussi, tout aussi inconnu, et tout aussi médiocre. Son nom: Daniel Vadasz. Lui et sa collègue sont écoutables lorsqu'ils ne forcent pas leur voix. Hélas! ils les forcent le plus souvent, même si elles sont déjà amplifiées. Ce qui nous parvient de la scène est alors exécrable. J'en ai eu mal aux oreilles.

Johann Strauss fils occupait presque tout le programme. Dommage. Cette musique est très bien faite, mais on finit par se lasser de retrouver les mêmes formules de page en page. Les Fledermaus et Tritsch-Tratsch Polka sont des trouvailles; le reste, pas toujours.

En fin de compte, ce qu'il y avait de mieux dans ces deux heures se ramenait aux séquences réunissant trois couples de danseurs de ballet et un couple venu de la danse sociale, tous portant des costumes très colorés. De Budapest eux aussi, ces huit danseurs étaient impeccables et, surtout, les chorégraphies exécutées étaient d'une grande élégance et souvent fort originales, comme nous racontant une histoire...

Mme Elisabeth Kanisius, vice-consule d'Autriche chargée des Affaires culturelles, est venue au micro offrir ses voeux en français, en anglais et en allemand.

»SALUTE TO VIENNA/HOMMAGE À VIENNE». Hier après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.