Heureux temps où l'OSM montait annuellement, simplement et noblement Le Messie pour Noël, dans le cadre enchanteur de la basilique Notre-Dame.

«Il n'est pas dit que nous n'y reviendrons pas...» me confiait cette semaine une représentante de l'orchestre. Pour l'instant, on y propose des formules plus ou moins improvisées, quelque part entre le concert et le show, le sacré et le profane.Mardi soir, on eut même droit à un essai de «son et lumière» lorsque des éclairages stroboscopiques projetés sur le grand crucifix du maître-autel accompagnèrent le puissant hennissement de trompettes qui clôt le Sleigh Ride de Leroy Anderson. La grande classe, quoi!

Le programme était dirigé par Nathan Brock, l'un des deux chefs assistants de l'OSM. Le jeune maestro présenta les pièces dans les deux langues, ajoutant qu'il s'agissait de son premier concert avec l'OSM (où il a été nommé en juillet dernier).

J'ignore qui a établi ce programme d'une rare indigence et dont la mesquine heure et demie (on avait d'abord annoncé deux heures) englobait non seulement l'entracte mais encore la Farandole de L'Arlésienne de Bizet jouée en rappel.

La seule musique substantielle dont l'orchestre disposait était la Suite de Casse-Noisette de Tchaïkovsky. Si la foule (1500 personnes environ) n'en avait pas applaudi automatiquement chacune des huit pièces, le concert n'aurait même pas fait une heure et demie.

M. Brock sait battre la mesure et connaît ses sections. Mais on ne juge pas un chef dans Casse-Noisette, encore moins dans les morceaux insignifiants qui complétaient le programme.

Quant à Marie-Josée Lord, son numéro de mardi soir ne passera certainement pas à l'histoire. La voix était grotesquement amplifiée et la chanteuse, visiblement peu à l'aise dans ce répertoire, guettait la baguette du chef avec trop d'insistance. Elle aborda le fameux Minuit, Chrétiens! comme une berceuse et ne mit aucune ferveur dans les Adeste fideles et Sainte Nuit, où elle ne parvint d'ailleurs pas à entraîner la foule à chanter avec elle.

Après le faux «Noël à l'opéra» du Métropolitain dimanche dernier et ce Noël d'enterrement de l'OSM, il ne reste plus qu'à souhaiter à nos deux orchestres la remise en question de certaines initiatives.

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Orchestre Symphonique de Montréal. Chef invité: Nathan Brock. Soliste: Marie-Josée Lord, soprano. Mardi soir, basilique Notre-Dame.