Bernard Labadie, les Violons du Roy et la Chapelle de Québec nous ont donné Le Messie au moins trois fois dans le passé, chaque fois à Pollack Hall de McGill. En 1994, je titrais: «Un exemplaire Messie». En 1998: «Triomphe au Messie très inspiré de Labadie». En 1999: «Labadie: un Messie de rêve».

Ces superlatifs ne s'appliquent pas précisément à ce que nous avons entendu mardi soir à l'église Saint-Jean-Baptiste, presque comble (2000 personnes) malgré le prix très élevé des places (75 $).

Comme par le passé, Labadie utilisait de petites formations (choeur de 32 voix, orchestre de 24 musiciens) et choisissait l'édition Bärenreiter où les 53 numéros des éditions courantes sont parfois groupés différemment, ce qui donne 47 numéros. La partition reste la même et était de nouveau présentée intégralement, totalisant trois heures y compris un entracte.

Auditoire silencieux, ovation prolongée, etc. Pourtant, il manquait à tout cela une dimension: l'émotion. À l'orchestre et au choeur, tout était bien en place, et ce jusque dans les séquences que Labadie faisait jouer et chanter à un tempo extrêmement rapide. Impeccable solo de trompette, soprani du choeur flottant à l'aigu sans le moindre effort: rien à redire. Mais cette exécution servait en quelque sorte de répétition générale à une imminente présentation à New York et le chef semblait préoccupé avant tout d'exactitude à tous les niveaux.

Des quatre solistes, deux seulement furent vraiment à la hauteur. Alan Bennett, parfait ténor d'oratorio en 1998, l'était encore cette année où il remplaçait le soliste annoncé, et le baryton Andrew Foster-Williams, un nouveau venu, a le grave requis pour les saisissants solos de basse. Autre nouvelle voix, Rosemary Joshua possède un timbre clair et une articulation nette, mais elle manque de simplicité et ne chante pas toujours juste. Quant au fameux haute-contre David Daniels, il est venu faire son numéro d'ornements et n'a apporté aucune expression à ce qu'il chantait.

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«MESSIAH», oratorio en trois parties, texte anglais de Charles Jennens d'après la Bible, musique de George Frideric Handel (1742). Édition Bärenreiter (1965). Les Violons du Roy et la Chapelle de Québec. Rosemary Joshua, soprano, David Daniels, haute-contre, Alan Bennett, ténor, et Andrew Foster-Williams, baryton. Dir. Bernard Labadie. Mardi soir, église Saint-Jean-Baptiste.