Pauvre Handel! En guise d'hommage au 250e anniversaire de sa mort et au 300e de la création de son Agrippina, la vénérable Université McGill, que l'on croyait gardienne d'une certaine tradition, n'a trouvé rien de mieux à offrir au public que cette caricature facile et grossière présentée ce week-end.

Dans cette transposition sans justification aucune, les courtisans sont habillés en commis voyageurs, Poppée est une rockeuse qui se dandine en jeans troués avec son petit chien en laisse et Néron est un punk maladif à verres fumés, le tout dans un décor new-yorkais surchargé d'accessoires qu'on dirait dénichés dans une vente de garage.

 

L'«idée» de McGill n'était d'ailleurs pas très originale puisque l'Opéra de Montréal avait monté une telle Agrippina «moderne» en 2005. Le dommage est plus grave cette fois: il s'agissait d'un exercice pédagogique, les voix étaient toutes bonnes et remarquablement rompues à la rude discipline du baroque et le jeu collectif en général convaincant, notamment chez Estell Gomez, qui affichait bien la fourberie du rôle-titre.

Bref, il y avait là tous les éléments requis pour une présentation respectueuse du sujet et de son auteur. On a préféré cette saloperie qui, heureusement, n'avait attiré qu'une demi-salle vendredi soir, à la première - ce qui est encore trop. Une heure et demie m'a suffi et j'ai fui à l'entracte.