Notre «semaine Lang Lang» est terminée. En sortons-nous plus riches? Lui, certainement. Et nous? ... En ce qui me concerne, la chose sera oubliée dans quelques heures.

Le petit pianiste chinois se produit à Montréal régulièrement depuis 2003, ses enregistrements sont déjà nombreux, bref il est maintenant possible de dire ce qu'il représente dans le monde musical. Et je dirai: pour l'instant, pas grand-chose.

 

Encore bien jeune à 27 ans? Non. Comme d'autres de son âge, Lang Lang devrait s'être déjà imposé avec autorité, non seulement comme virtuose (ce qu'il est, malgré un rien de fatigue hier, ici et là), mais surtout comme interprète, et l'auditeur devrait rapporter de ses prestations l'impression d'avoir vécu une expérience importante.

En fait, il y a peu de différence entre ce que j'ai entendu hier et ce que je vis quotidiennement dans l'autobus 24 de Saint-Denis à Papineau. Curieusement, les seuls moments qui ont laissé quelque marque furent les trois pièces constituant le premier cahier de Iberia d'Albéniz. Ce sont essentiellement des pages d'atmosphère et le pianiste les a rendues avec toutes les couleurs et toutes les dynamiques souhaitées.

Deux sonates de Beethoven ouvraient le programme: l'une peu fréquentée, l'autre étant la célébrissime Appassionata. Lang les a jouées comme un candidat de concours: correctement et sans envergure. Ayant si peu à dire dans cette musique, il aurait dû nous épargner les reprises.

De la septième Sonate de Prokofiev, il fait un numéro d'acrobatie qu'il termine les deux bras à la renverse. Il devrait écouter Horowitz et découvrir la vraie dimension de cette oeuvre hallucinante.

Salle comble, ovation debout, cris de joie. Le «héros» remercie avec mille courbettes et annonce en rappel une «Chinese folk song» que je n'ai pas cherché à identifier.

___________________________________________________________________________________________________

LANG LANG, pianiste. Hier après-midi, salle Maisonneuve de la Place des Arts. Présentation: Orchestre Symphonique de Montréal. (Radiodiffusion: Radio-Canada, 11 janvier, 20 h.)