Le Quatuor Molinari est maintenant «en résidence» au Conservatoire et c'est là qu'il ouvrait sa saison vendredi soir, devant près de 100 personnes. Ce concert marquait le retour, après un long congé de maladie, d'Olga Ranzenhofer, fondatrice et premier-violon de l'ensemble.

Bien que le quatuor de 1977 de Dutilleux, Ainsi la nuit, ait été joué au Molinari en 2006, l'exécution de vendredi était pratiquement une première puisque la composition du groupe était alors entièrement différente, à l'exception du premier-violon. Le concert débutait par le deuxième Quatuor de la Canadienne Alexina Louie, daté de 2003. Un quart de siècle sépare les deux oeuvres qui pourtant se ramènent à des jeux de sonorités très savants mais un peu superficiels. J'ai cependant noté dans la pièce de Louie une unité plutôt rare chez cette compositrice.

 

Dutilleux, Louie: deux belles exécutions du «nouveau» Molinari. Le troisième Quatuor de Britten, dont les 31 minutes occupaient l'après-entracte, est d'une densité supérieure. Le troisième mouvement, intitulé Solo, trouva le premier-violon planant au suraigu avec une justesse irréprochable. Le mouvement suivant, Burlesque, fut joué «roughly», tel qu'indiqué. Le récitatif qui ouvre le cinquième et dernier mouvement donne une certaine liberté au violoncelle et M. Bouvrette avait bien lu: «rubato con moto».

Cet ultime quatuor annonce la mort de Britten et il est possible d'aller plus loin encore dans l'expression, comme l'a démontré ici, par deux fois, le Quatuor Allegri.

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QUATUOR À CORDES MOLINARI - Olga Ranzenhofer et Frédéric Bednarz (violons), Frédéric Lambert (alto) et Pierre-Alain Bouvrette (violoncelle). Vendredi soir, Conservatoire de musique et d'art dramatique. Programme: Quatuor no 2 (2003) - Louie Ainsi la nuit (1971-77) - Dutilleux Quatuor no 3, op. 94 (1975) - Britten